Le président du syndicat algérien de l'industrie Pharmaceutique (SAIP), le docteur Djebbar, revient à la charge pour dénoncer, encore une fois, la politique de remboursement du médicament en Algérie, à la faveur de la nouvelle liste qui vient d'être mise en place par le décret daté du mois de mai en cours, signé par trois départements ministériels, Commerce, Santé et Travail. “On reconduit encore les mêmes erreurs et on veut mettre à mort la production nationale et laisser la voie libre aux grandes multinationales qui profitent de 95% de nos ressources allouées aux caisses de sécurité sociales”, a déclaré d'emblée le président du SAIP au cours de la conférence de presse tenue, hier, afin d'informer l'opinion publique sur “les dérapages réglementaires qui vont conduire à encourager l'importation au détriment de tout effort d'investissement”. Il annoncera que c'est par le biais de la presse que les producteurs nationaux ont pris connaissance de cette nouvelle liste, témoignant ainsi des pratiques maladroites qui écartent les acteurs du secteur de tout cadre de concertation. Tirant à boulets rouges sur les responsables composant le Comité technique de remboursement (CTR) ainsi que le conseiller du ministère du Travail qu'il nommera, M. Gherraba, le Dr Djebbar déclare ne pas comprendre les contradictions de cette politique de remboursement, en ce sens où, selon lui, l'intérêt national, que ce soit celui du malade ou du producteur local, est à la merci des laboratoires étrangers qui voient leurs produits largement encouragés. Il expliquera que par souci d'éthique et de neutralité, la fameuse liste a été soumise à des experts universitaires pour analyse dont les résultats annoncent un “mépris grave au malade algérien”. Toutes les déclarations des responsables du CTR sont fausses et purement démagogiques, lance le conférencier outré par la portée antinationale de cette liste enrichie de 114 DCI (dénominations communes internationales) et prévoit un retrait de 34 DCI médicalement insuffisantes. “On a voulu à tout prix faire régner une santé à deux vitesses, puisque la même classe thérapeutique importée est remboursée alors que celle produite localement ne l'est pas”, fait remarquer celui qui n'a pas cessé de dénoncer le manque de visibilité des textes propres au secteur. Si les pouvoirs publics font état d'une progression de la capacité de remboursement de un demi-milliard de dinars en 1988 à 25 milliards de dinars en 2002, le Dr Djebbar se dit étonné que le made in Algeria ne profite que de 5% de cette aisance, le reste étant mis au profit de l'étranger. Il ajoute que sans distinction aucune, c'est l'industrie nationale, aussi bien privée que publique, à l'instar de Saïdal et autres LAM, Lad Pharma, etc., qui risque de disparaître du fait, précise-t-il, de l'absence de soutien et des mesures d'étouffement par effet de déremboursement. “On continue de rembourser des médicaments vieux de 50 ans et on nous parle de progrès scientifique. Certains médicaments ne sont même pas remboursés dans leur propre pays alors que chez nous, ils persistent à être soutenus par ce levier”, annonce-t-il. Quant à la liste, sur les 114 DCI aptes au remboursement, 110 sont importés et seulement 4 sont de fabrication algérienne, soit 3% seulement. Armé d'arguments scientifiques et de preuves réglementaires, le président du SAIP aura-t-il raison “politiquement” ? A. W.