Le ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gül, a fortement laissé entendre, hier, qu'il demeurait candidat à la présidence, en raison de la victoire écrasante du parti au pouvoir aux législatives de dimanche dernier, lors d'une conférence de presse à Ankara. La candidature de M. Gül, un ex-islamiste, à la présidence est à l'origine de la crise institutionnelle du printemps dernier entre le Parti de la justice et du développement (AKP) et le camp pro-laïc, qui a entraîné les élections anticipées de dimanche. “Je ne peux pas ignorer la volonté du peuple (...), les signes” en faveur d'une candidature lors des meetings de campagne électorale, a-t-il expliqué, alors que “Gül président” était devenu un des slogans des militants de l'AKP avant le scrutin. “Personne ne peut interdire un candidat. Rien n'empêche que je sois candidat”, a-t-il insisté. Pressé de répondre s'il serait à nouveau candidat à la plus haute charge, il a dit que sa décision était “très claire”, se gardant toutefois d'annoncer franchement qu'il se présenterait à nouveau. “Il n'est pas nécessaire de brusquer les choses”, a-t-il ajouté, soulignant que le processus de l'élection présidentielle devait continuer dans un climat de “grande maturité politique dans la direction indiquée par les résultats”. L'AKP, issu de la mouvance islamiste, a remporté une victoire écrasante aux législatives avec 46,4 % des voix, selon des résultats officieux. “Je crois que les autres partis au Parlement vont prendre en considération le score de près de 50% que nous avons obtenu”, a-t-il ajouté. C'est la décision du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan d'imposer la candidature à la présidence de M. Gül, son bras droit, qui a été le détonateur de la crise entre le gouvernement et le camp pro-laïc, dont les militaires, en avril-mai. R. I./Agences