Avec un territoire de plus de 2,3 millions de km2, l'Algérie est le plus grand pays du pourtour méditerranéen et le second au niveau africain, après le Soudan. Elle est bordée au nord par la Méditerranée et est reliée à six pays voisins (Maroc, Sahara Occidental, Mauritanie, Mali, Niger, Libye et Tunisie). C'est par sa partie saharienne, couvrant plus de 80% de la superficie totale, que s'introduisent illégalement le plus d'immigrants clandestins. L'Algérie traverse depuis plus d'une décennie une période de transition vers l'économie de marché, une phase qui a connu un coup d'accélération ces derniers temps. Outre les coopérations bilatérales et multilatérales à asseoir pour gérer correctement l'immigration clandestine, celle-ci constituerait localement, en l'absence de contrôle, de sensibilisation et de larges concertations, une véritable aubaine pour des employeurs non scrupuleux, des dealers de drogue et autres trafiquants crapuleux, portés sur l'instrumentalisation des malheurs des autres. Cela, sans oublier le risque d'expansion de phénomènes de racisme et de xénophobie. Un rapport américain, publié en juin dernier, insinue même qu'il existerait la “traite des personnes” en Algérie. Mais comment s'élever contre ses auteurs et, par extension, contre les accusations-diffamations des ONG internationales des droits de l'homme, lorsque l'accès à l'information, les enquêtes et les reportages font encore défaut ? La ratification, par l'Algérie, de la Convention internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants est récente, elle ne date que de 2004. Ce Traité stipule que l'irrégularité de la situation des travailleurs migrants ne doit pas “dispenser l'employeur de ses obligations légales ou contractuelles” envers eux. Les pouvoirs publics semblent conscients des mutations en cours des sociétés maghrébines, dont l'Algérie, qui sont en train de se transformer en terres d'immigration. Pour preuve, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, a lui-même reconnu dernièrement que si la tendance actuelle se maintenait, “un migrant sur cinq sera africain à l'horizon 2025”. Ce qui expliquerait le soutien d'Alger à la vision de l'Union africaine. Une vision qui s'appuie sur l'examen des causes principales de l'immigration, à savoir la pauvreté et le sous-développement. Cette “position globale, intégrée, équilibrée et cohérente” viserait, selon le ministre, à faire de la migration “une source d'enrichissement mutuel et non un facteur de tension, d'instabilité ou de négation des droits de l'homme et des libertés fondamentales”. Il y a lieu de souligner que depuis les attentats du 11 septembre 2001, l'approche de l'immigration africaine a intégré largement l'aspect sécuritaire chez certains voisins, à l'exemple du Maroc et de l'Espagne. Des observateurs soutiennent qu'avec l'avènement du nouvel ordre mondial, l'Afrique a reconquis “une importance géostratégique”, plus particulièrement pour les Etats-Unis. Ils estiment également que vue de Washington, la bande du Sahel, qui s'étend du Sud algérien à la Somalie, constitue une base arrière idéale pour les terroristes islamistes. D'où la prise en main de cette région, à travers une plus grande coopération, principalement militaire, avec les gouvernements de ces pays. Pour ces mêmes observateurs, le principal enjeu dans ce regain d'intérêt pour l'Afrique, est en réalité “la diversification de l'approvisionnement énergétique”, face à la perspective de l'épuisement des réserves pétrolières du Moyen-Orient. H. A.