Les baraques sont cédées à 10 000 DA le mois pour servir de commerces. Même les murs sont loués, comme c'est le cas à Trig Souiad, en plein centre-ville. Des murs à louer au décamètre, cela existe. Mieux encore, des gourbis sont donnés en location pour en faire des commerces. Cela existe aussi. On les a rencontrés à Bordj Menaïel, à la rue Souiad, une artère commerçante qui fait office de souk depuis plus de deux années. Plus précisément, depuis que le boulevard Amirouche a perdu de sa notoriété suite au séisme du 21 mai 2003. Les commerçants ont trouvé refuge à Trig Souiad, qui relie le quartier Madoui à la cité Diar-Melioune. Dans ce nouveau bazar, rien ne se cède gratuitement, tout se vend et tout se loue, à commencer par les murs des maisons alignées des deux côtés de la fameuse ruelle. Ici, il n'y a pas de place pour les hittistes. Un mètre de mur situé dans cette artère poussiéreuse est cédé à 3 000 DA le mois. Et il faut payer cash le propriétaire du mur ou de la maison pour qu'il vous autorise à y entreposer les étals ou autre marchandise proposée à la vente. Un vendeur de glace a dû payer 72 000 DA deux mètres situés en face d'un mur à l'entrée, soit 6 000 DA par mois. C'est l'espace qui lui est nécessaire pour placer sa machine de glaces et les divers emballages. Peu importe la santé des clients, puisque la vente de glaces s'effectue dans des conditions d'hygiène lamentables. Mais cela est une autre histoire. Pour ce propriétaire d'une grande maison de 25 mètres de longueur, c'est une véritable aubaine. De même pour son voisin qui a trouvé l'astuce de louer les murs, mais aussi ses deux garages à un commerçant en quincaillerie. Habiter la rue Souiad est une grande chance. Ses résidents ont fait des jaloux, à l'image des centaines de propriétaires de gourbis kiosques disséminés dans toute la ville qui, eux aussi, pratiquent ce type de location…Que ce soit à Trig Souiad, à la cité Madoui ou au quartier la Plaine, ces baraques sont cédées à un million de centimes par mois, payé cash. La transaction se fait évidemment sans aucun papier, puisque “les gourbis kiosques” ou “les gourbis locaux” ont été érigés illégalement et leurs propriétaires n'ont jamais été inquiétés par les autorités locales, d'où leur prolifération à une vitesse vertigineuse. La cité la Plaine suffoque sous ces affreuses baraques dont certaines obstruent l'entrée de la gare. Partout dans la ville, le décors est le même : bidonvilles, détritus, poussières. Et pour couronner le tout, la ville est défigurée par les constructions inachevées des lotissements 1 et 2, situés en plein centre-ville. Cela fait plus de 30 ans que les gens ont entamé leurs constructions, mais elles n'ont jamais été achevées. À Bordj Menaïel, la poussière est omniprésente, car la ville se réveille chaque matin avec un nuage de poussière dégagé par une carrière d'agrégats, installée face à la cité Bousbaâ, à quelques mètres du centre-ville. M. T.