Quelque 8 600 travailleurs ont observé un sit-in de protestation contre ce qu'ils qualifient de “compression sauvage”. Une grève générale des travailleurs a paralysé, hier, le complexe sidérurgique Arcelor Mittal d'El-Hadjar. Le débrayage a été déclenché par le syndicat en réaction au projet de plan social qui prévoit le “départ en retraite” de 1 200 travailleurs que tente d'appliquer la direction générale du complexe sans l'avis de ces derniers et de leurs représentants. Une décision que le syndicat qualifie d'unilatérale et d'illégale parce qu'en contradiction avec l'esprit de la loi 90-11 du 21 avril 1990, comme dénoncé dans la saisine adressée par ledit syndicat à l'inspection du travail d'El-Hadjar. Ainsi, les 8 600 travailleurs des hauts fourneaux, des aciéries et des laminoirs, rejoints par leurs collègues des unités annexes du complexe ont observé un sit-in devant le siège de la direction générale après avoir mis à l'arrêt leurs installations. Joint par téléphone, le secrétaire général du syndicat UGTA de Arcelor Mittal, M. Smaïl Kouadria, déclare que le mouvement de grève enclenché est irréversible. Il devrait se poursuivre jusqu'à la satisfaction totale des revendications, du moins jusqu'à ce que les réserves émises par les représentants du collectif des travailleurs des 24 unités du complexe sur le projet de plan social soient levées. À ce propos, M. Kouadria indiquera que la démarche de la direction générale de Arcelor Mittal est biaisée et risque de créer un climat d'instabilité et de démobilisation au sein des collectifs. Le syndicaliste rappelle que le volet social qui est ainsi contesté ne tient pas compte des mises en garde des représentants des travailleurs, notamment en ce qui concerne le caractère conjoncturel de l'opération de mise à la retraite de 1 200 travailleurs à même d'y faire valoir leurs droits. “Nous (le syndicat d'entreprise) désapprouvons le fait que ce régime de retraite soit conditionné par un budget à l'avantage exclusif des 1 200 travailleurs concernés et qui prévoit d'indemniser à hauteur de 600 000 dinars chacun d'entre ceux-ci. Nous souhaitons au contraire en faire un acquis pour tous, sans limite dans le temps”, précise M. Kouadria en ajoutant que les représentants des travailleurs demandent également qu'un travail de sélection soit fait au niveau de la liste des ouvrants droit. “Les travailleurs dont le savoir-faire est avéré ne devraient être libérés que si leur relève est assurée par des gens aussi compétents qu'eux pour ne pas perturber le fonctionnement de l'outil de production…” Notre interlocuteur regrette aussi que le cahier des charges signé entre Arcelor Mittal et les entreprises privées activant sous contrat au sein du complexe sidérurgique d'El-Hadjar ne soit pas respecté par l'une ou l'autre des parties intéressées. Il évoqua principalement la clause prévoyant le transfert de la relation de travail vers Arcelor Mittal des travailleurs formés pendant une période de plus de 6 mois par les entreprises de prestation citées. Autant de dépassements par le partenaire indien du cadre d'accords collectif qui le liait avec le syndicat d'entreprise. La situation de paix sociale qui a prévalu jusque-là au niveau du complexe est en tout cas sérieusement menacée aujourd'hui à moins que la direction générale de Arcelor Mittal ne renonce à ce qui est qualifié par les syndicalistes “d'opération de compression sauvage” et ne vienne à la table des négociations. A. Allia