Chaque tailleur de pierres produit quotidiennement une moyenne de deux mètres carrés de cette matière, dont le prix fluctue entre 2 500 et 3 000 DA l'unité considérée en fonction de la forme et de la couleur de la pierre. De jeunes tailleurs de pierres, de plus en plus nombreux ces dernières années dans la wilaya de Tizi Ouzou, sont un exemple révélateur de par cette volonté affichée au labeur mais aussi cette éloquence à se savoir financièrement autonome “même au prix d'un lourd” tribut de sueur. Hiver comme été, il est loisible de voir sur le bord des routes menant vers Azazga, Yakourène, Bouzeguène, Tigzirt, ou vers les localités du sud de la wilaya, où les gisements de roches ne manquent pas, ces jeunes s'échiner à découper et à polir la pierre pour en façonner diverses formes géométriques, symétriques et agencées. L'exercice de ce métier exige beaucoup de muscles et d'adresse, mais ne demande aucun équipement spécifique, si ce n'est un burin et un maillet. L'agréable sensation procurée par le travail bien fait, matérialisé par la dimension esthétique conférée à la pierre au prix de mille et un efforts, compense largement les affres de ce pénible métier, se signalant notamment par de douloureuses courbatures occasionnées par la position inclinée qu'adopte le tailleur de pierre dans son travail, nécessitant patience et endurance à toute épreuve. Avant d'arriver à ce stade de joyau architectural, la pierre taillée n'était, d'abord, qu'une vulgaire matière inerte difforme qu'il faudra, pour lui donner forme attrayante, dégrossir pour en extraire des pièces que des mains expertes auront à traiter avec minutie, presque identique à celle qu'exige la réalisation d'une œuvre artistique, expliquent des gens du métier. Selon ces derniers, chaque tailleur de pierre produit quotidiennement une moyenne de 2 m2 de cette matière, dont le prix fluctue entre 2 500 et 3 000 DA l'unité, considéré en fonction de la forme et de la couleur de la pierre. Il existe une palette de nuances, dont le blanc kaolin, le rouge indigo et le noir, couleur du schiste de l'ardoise. La pierre taillée suscite, ces derniers temps, un engouement prononcé chez des usagers de la wilaya de Tizi Ouzou et d'ailleurs, à en juger par la forte demande exercée sur ce produit lithique, très recherché, notamment pour la décoration des façades des habitations et des devantures des locaux commerciaux. Comme dans un concours d'art, certains propriétaires de maisons cossues, se recrutant essentiellement parmi les immigrés ou de riches commerçants, rivalisent d'ingéniosité pour réussir la plus belle et la plus fantaisiste décoration à l'aide de ce noble matériau. Une émulation qui n'a pas manqué d'entraîner la relance et la réhabilitation de ce métier. Ces jeunes, qui d'habitude rechignent à faire certains travaux qu'ils considèrent comme “dévalorisants”, semblent appliquer le conseil prodigué par les anciens qui les appelle à “se contenter du disponible, en attendant de trouver mieux”. Ce conseil prodigué par des parents semble avoir produit des effets bénéfiques chez de jeunes chômeurs de la wilaya de Tizi Ouzou qui, s'étant rendu compte qu'il n'est point de sot métier, acceptent, volontiers, de troquer leur “statut” de hittistes oisifs contre l'exercice de tâches des plus pénibles mais rémunératrices, tant il y va de préserver leur dignité, celle de ne pas vivre au crochet de leurs parents. R. R./APS