Une trentaine de découvertes d'hydrocarbures, depuis 2006, semblent éclaircir les perspectives de développement des ressources hydrocarbures pour les générations futures ainsi que pour les besoins d'exportations du pays. Depuis la crise entre la Russie et l'Ukraine, qui a ravivé les inquiétudes européennes sur son approvisionnement gazier, les regards se sont tournés vers l'Algérie, l'un des premiers fournisseurs de l'Union européenne, et l'une des principales sources susceptibles de couvrir la demande européenne en forte croissance d'ici à 2020. En effet, cette dernière est le troisième exportateur mondial de gaz. Elle est classée septième en termes de réserves. L'Algérie dispose, de surcroît, de différents atouts, la proximité de ses gisements et son infrastructure de transport face au Vieux continent, la qualité de son gaz, deux projets majeurs de nouvelles routes d'exportations vers l'Europe, les gazoducs Medgaz et Galsi, l'augmentation en cours du gazoduc Enrico Mattei reliant l'Algérie à l'Italie via la Tunisie et une capacité de production de gaz naturel liquéfié en voie d'extension. Sa capacité d'exportation supplémentaire de gaz à l'horizon 2012 pourrait approcher les 40 milliards de m3 par an. Sa capacité d'exportation passerait au cours de la prochaine décennie à 100 milliards de m3 par an. Ce rythme d'exportation met la pression sur les réserves. Estimées entre 4 000 et 5 000 milliards de mètres cubes, les accumulations de gaz en Algérie ont une durée de vie estimée par BP à 40 ans. Mais la croissance économique, la forte demande en électricité, le développement de la pétrochimie vont augmenter de façon significative la demande locale. Ce qui induit un nouvel arbitrage concernant l'affectation des réserves. Quel niveau de production pour permettre à la fois de soutenir sur une durée la plus longue possible la demande interne qui va crescendo et le rythme d'exportation qui va connaître une sensible augmentation à moyen terme ? Cette problématique ne se pose pas seulement à l'Algérie. En raison de l'importance de plus en plus accrue que revêt le gaz dans le bilan énergétique mondial, en un mot plus accentué au cours des prochaines décennies, l'accès à de nouvelles réserves de gaz requiert un grand intérêt à la fois pour les compagnies d'Etat que pour les multinationales. Qui détient de grandes réserves de gaz, une capacité de production et de transport significative va acquérir de plus grands parts du marché, surtout en Europe et aux Etats-Unis où la demande va exploser au cours des prochaines années. Tel est l'enjeu qui justifie la bataille pour accéder à de nouvelles réserves. Dans cette lutte qui déterminera sa position en tant que puissance gazière mondiale, l'Algérie table sur un potentiel important. Un potentiel de réserves estimé à 2 000 milliards de mètres cubes En effet, on estime à au moins 2 000 milliards de m3 de réserves à découvrir au moins dans les bassins de Berkine, de Reggan, Timimoun, Ahnet et d'Illizi. Tout cela demande un effort d'investissement en partie en partenariat. Les compagnies associées à Sonatrach comme Repsol, Total, Statoil, Rosneft, Gaz de France, sont toutes satisfaites d'avoir réalisé des découvertes au sud du pays. Elles attendent le feu vert de Sonatrach pour pouvoir développer ces gisements. On priorise aujourd'hui l'appréciation des découvertes, c'est-à-dire les travaux de délinéation pour développer plus rapidement les nouvelles réserves. L'Algérie pourrait exiger en contrepartie de son accord à ces partenaires un échange d'actifs, c'est-à-dire notamment à des réserves d'hydrocarbures à l'étranger. Anticipant ce nouveau virage dans la politique énergétique du pays, Sonatrach a engagé des discussions avec la norvégienne Statoil pour une prise de participation dans les gisements de Kristyn en mer du Nord. L'urgence, l'appréciation des découvertes Autre exemple illustrant cette bataille : de grandes compagnies internationales ont exigé l'accès à de plus grandes réserves pour pouvoir s'engager dans le développement des champs de gaz de Tinhert au Sud-Est, un projet intégrant la réalisation d'une usine de GTL gas to liquid. Sonatrach a refusé. À l'international, par ailleurs, elle poursuit d'intenses travaux d'exploration en vue de l'accès à de nouvelles réserves essentiellement au Mali, au Niger, en Mauritanie, en Tunisie, en Egypte et en Libye. En fin de compte, l'importance que revêt l'Algérie tient à sa puissance gazière et son potentiel hydrocarbures. Elle s'imposera en tant que puissance régionale avec la valorisation et la croissance de ses ressources hydrocarbures, incluant un programme intensif d'investissements. La confirmation de son potentiel et l'extension de ses capacités d'exportation assoiront son rôle de leadership sur le marché gazier international. Reste à savoir si elle saura utiliser à bon escient la manne hydrocarbures. en un mot, faire jouer ce levier pour assurer son développer durable et se positionner parmi les grands pays émergents. N. Ryad