Le ministre allemand délégué aux Affaires étrangères, Gernot Erler, a appelé le chef de l'Etat libyen Mouammar Kadhafi à s'expliquer sur les déclarations de son fils concernant des tortures infligées aux infirmières et au médecin bulgares emprisonnés huit ans en Libye. “Le gouvernement libyen et Mouammar Kadhafi doivent s'exprimer et dire si les accusations portées par son fils Seif El-Islam Kadhafi, qui reviennent pour la Libye à une autoincrimination, correspondent à la réalité”, a déclaré M. Erler au quotidien allemand Tagesspiegel paru hier. Le président libyen “doit apporter des clarifications afin que l'on sache qui porte la responsabilité (des tortures infligées) et qui doit en répondre”, a-t-il ajouté. Le fils du président Kadhafi s'est exprimé à plusieurs reprises dans des médias étrangers. Il a indiqué que les infirmières bulgares et le médecin palestinien, qui a obtenu récemment la nationalité bulgare, avaient été torturés à l'électricité et que leurs familles avaient été menacées. Il a aussi dédouané les infirmières et le médecin de toute responsabilité dans la contamination de plus de 400 enfants libyens par le virus du sida. “Si tout cela est exact, c'est la reconnaissance que le droit international a été bafoué à plusieurs reprises”, a estimé le ministre allemand. Dans une interview à l'hebdomadaire américain Newsweek, daté du 13 août, le fils du président libyen a en outre déclaré que l'affaire des infirmières bulgares avait été un “chantage” mais que les Européens ont aussi fait chanter les Libyens et ont “payé le prix” d'un “jeu immoral”. Les cinq infirmières et un médecin ont été détenus pendant plus de 8 ans et condamnés à mort sous l'accusation — contestée — d'avoir délibérément inoculé le sida à plus de 400 enfants. La peine a été commuée en prison à vie en juillet. Les infirmières et le médecin ont été extradés le 24 juillet vers la Bulgarie où ils ont été aussitôt graciés. R. I./Agences