Alors que les pourparlers devraient reprendre demain avec le retour de Londres des émissaires du groupe, la révélation du plan de licenciement massif inquiète le syndicat qui ne compte pas croiser les bras, d'autant que l'effectif exerçant au sein du complexe d'El-Hadjar est allé en diminuant depuis 2001. Devant le mutisme qu'oppose la direction générale d'Arcelor-Mittal à ses revendications au sujet de la restructuration des organigrammes, le syndicat d'entreprise du complexe d'El-Hadjar se montre de plus en plus virulent. Les représentants des travailleurs accusent ouvertement, aujourd'hui, les responsables du partenaire indien d'avoir mis en branle un plan social dont l'objectif serait de réduire les effectifs du complexe à 5 200 travailleurs avant la fin 2008. Cette information a été rendue publique, hier, par le biais d'un communiqué adressé par le syndicat à tous les organes de presse. Elle ne manquera pas d'avoir des retombées préjudiciables sur le climat déjà tendu qui prévaut au sein des usines sidérurgiques d'Arcelor-Mittal Annaba. Les syndicalistes, conscients de l'importance d'une telle mesure, en font un argument massue pour mobiliser les travailleurs qu'ils ont sciemment informés du projet de l'employeur dans la perspective du déclenchement d'un mouvement de grève. Il est évident qu'un “dégraissage des organigrammes” de cette envergure, et dans un délai aussi court, équivaudrait à la suppression pure et simple de près des 3 400 employés concernés, sur un effectif actuellement en exercice situé entre 8 300 et 8 600, et que l'on contraindra ainsi au chômage sans autre forme de procès. Le nombre des travailleurs qui activaient au sein du complexe était de 14 000 en 2001, et il est allé en diminuant, rappelons-le. Le projet de restructuration contre lequel s'insurgent les travailleurs avait pourtant été évoqué par certains observateurs avertis du mode de gouvernance anglo-saxon, notamment, et Liberté s'en était fait l'écho, il y a une année environ. On en est pourtant à se demander pourquoi les responsables du groupe Arcelor-Mittal n'ont pas privilégié la concertation avec les représentants des travailleurs plutôt que de décider de telles mesures en catimini. Signalons qu'à aucun moment, ces derniers n'ont évoqué d'éventuelles réductions des effectifs et parlaient plutôt de “l'instauration d'un environnement au sein du complexe où le travailleur s'épanouirait durablement”. Cette vision du mode de gouvernance du géant mondial de l'acier avait été présentée aux travailleurs en mars dernier, à l'occasion des journées sur la sécurité et la prévention des accidents. Les syndicalistes étaient alors confiants et évoquaient même l'éventualité d'une modernisation des équipements de production et de nouveaux recrutements. Les donnes ont bien changé depuis, et tout le monde se dit si l'on ne va pas droit vers le retrait stratégique du partenaire indien, notamment depuis sa fusion avec le groupe Arcelor, lequel avait émis d'entrée de jeu des réserves sur la viabilité du complexe sidérurgique d'El-Hadjar. Le groupe, qui affiche une santé financière insolente, aurait-il maintenant une raison valable de se passer des installations algériennes ? Il ne fait plus de doute, en tout cas, que les syndicalistes sont fermement décidés à sauver leur outil de travail et qu'ils iront jusqu'au bout de leur logique de contestation s'agissant de préserver les postes de travail de leurs collègues. Le bras de fer se poursuit donc en attendant le retour à Annaba, au plus tard demain si ce n'est aujourd'hui même, des émissaires du P-DG du groupe. A. ALLIA