La violence sous toutes ses formes n'est plus le domaine réservé de la gent masculine. Les femmes, longtemps cantonnées dans les violences conjugales, familiales ou verbales, ont envahi ces dernières années toutes les formes de criminalité. Leur douceur statistique est un compte éculé. Du moins selon un rapport de la Gendarmerie nationale qui s'inquiète du phénomène. La Gendarmerie nationale tire la sonnette d'alarme. Le phénomène de la violence féminine inquiète. L'institution reste néanmoins nuancée sur les chiffres. D'autant que les statistiques ne relèvent que de son périmètre d'intervention et n'englobent pas le caractère urbain de la violence féminine. Ce dernier relevant des prérogatives de la Police nationale. Les chiffres peu évocateurs sont en fluctuation d'année en année. Ils oscillent entre hausse et baisse du nombre de femmes arrêtées par les gendarmes. Au cours du premier semestre 2007, elles étaient 531. Un chiffre en baisse, comparativement à la même période en 2006, où leur nombre avoisinait les 720. Au total, elles étaient 1 136 impliquées dans des activités criminelles sur 50 725 individus arrêtés au cours de l'année écoulée. Sur les six dernières années, la violence féminine, ou son activité criminelle, a connu une fluctuation en termes de statistiques. En hausse ou en baisse selon les années, ce ne sont pas tant les chiffres qui inquiètent, mais plutôt l'étendue du panel d'activités criminelles auquel les femmes s'adonnent de plus en plus. La femme devient une “touche-à-tout” en matière de criminalité. Pas une infraction, un délit ou un crime n'échappe à une participation féminine. Les Algériennes se mettent au diapason des hommes même si en termes de chiffres leur participation reste pour l'instant inférieure. Immigration clandestine, coups et blessures volontaires avec arme blanche, vol de véhicules, fausse monnaie, détention ou gérance de lieux de vente d'alcool sans autorisation ou de prostitution, détention d'armes blanches ou à feu, association de malfaiteurs, meurtre, enlèvement… Ce sont autant de crimes ou délits qui, aujourd'hui, voient la participation de la femme. Ce phénomène s'étend également sur tout le territoire national. Pas une wilaya n'échappe à la violence féminine. La participation des femmes à la criminalité sous toutes ses formes inquiète d'autant plus que la “société algérienne la nie”, souligne la gendarmerie. L'institution déplore d'ailleurs la quasi-inexistence d'études à ce sujet. Différents facteurs amènent la femme sur la pente glissante de la criminalité. Les gendarmes en dénombrent quelques-unes. Il s'agit des conditions socioéconomiques difficiles telles que la pauvreté, le problème du logement et la déperdition scolaire. Mais également “le chômage, la diminution du pouvoir d'achat”. Dans un autre registre, il y a aussi les conditions familiales telles que les divorces, la cellule familiale démantelée et le remariage d'un des parents avec tout ce qu'il charrie comme incompatibilité avec le nouveau conjoint. Autre problème soulevé, les grands ensembles urbanistiques qui entraînent les femmes vers une plus grande criminalité. De victime en bourreau, la femme à l'instar de l'homme a franchi plusieurs paliers, sans complexe et sans complaisance. Elle n'est ni pire ni meilleure. Elle est surtout à l'image d'une société marquée par la violence et qui s'exprime dans la violence. Samar Smati