Washington ne désespère pas de mettre sur pied sa base en Afrique. “Flintlook 2007”, un exercice militaire pour sécuriser, sous commandement américain, le Sahel, vise également à concrétiser cet objectif. Le choix du Mali n'est pas fortuit. Les contingents des Etats-Unis et de 13 pays d'Afrique et d'Europe poursuivront leurs manœuvres militaires conjointes au Mali jusqu'en septembre. Ce genre d'exercices, qui se déroulent tous les deux ans, visent aux yeux de leur promoteur, les Etats-Unis, à sécuriser le Sahel, ce long couloir entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne où les terroristes de tous les bords tentent de s'incruster. La version 2007 des manœuvres américano-africaines se déroule dans la capitale malienne, et on croit savoir qu'il s'agit essentiellement d'exercices tactiques et stratégiques. L'objectif de cette nouvelle édition du Flintlook est destiné, selon le Pentagone, à assister ses partenaires “à planifier et exécuter les systèmes de commandement, de contrôle et des communications en soutien aux opérations humanitaires, de maintien de paix et secours aux désastres dans l'avenir”. Cette formation devra aussi permettre aux pays participants de continuer à développer leur partenariat dans cette région extrêmement sensible pour, plus tard, renforcer leurs propres capacités militaires conjointes, devait-on souligner à Bamako lors de l'annonce de l'exercice. On rappelle qu'outre des forces des Etats-Unis et du pays hôte, y étaient annoncés des militaires d'Algérie, du Tchad, de Mauritanie, du Maroc, du Niger, du Nigeria, du Sénégal, de Tunisie, du Burkina Faso, de France, des Pays-Bas et de Grande-Bretagne. La présence de l'Algérie n'est pas une nouveauté. Des éléments de l'ANP avaient pris part à la troisième Flintlook (2005) initiée par l'armée américaine dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et le banditisme transfrontalier, mais aussi pour initier des pays africains aux opérations de maintient de la paix en Afrique et ailleurs. Le Pentagone affirme que “Flintlook 2007” est le dernier de la série d'exercices consacrés à l'Afrique par le programme américain de “partenariat transsaharien de lutte contre le terrorisme” (TSCTP), qui implique le ministère américain de la Défense, le Département d'Etat et l'Agence américaine pour le développement international (Usaid). Washington accompagne ses exercices militaires d'actions caritatives allant de forages de puits à la construction d'écoles et par des distributions de dons alimentaires. Le choix du Mali n'est pas fortuit. Ses officiels expliquent qu'il y a un intérêt certain pour leur pays, confronté à l'épineux problème du banditisme transfrontalier et aux menaces terroristes. En réalité, le Mali et les Etats-Unis entretiennent d'excellents rapports dans le domaine de l'assistance militaire. Le Pentagone a initié une série de formations militaires aux Maliens, tant est si bien que ce pays a fini par couper le cordon ombilical qui le reliait à la France, l'ancienne puissance coloniale. Le pays est tout indiqué pour abriter cette fameuse base que les Etats-Unis veulent édifier en Afrique et dont le commandement est pour l'heure installé en Europe. Un autre pays pourrait être sur la liste, la Mauritanie qui avait organisé des manœuvres militaires avec les Américains dans la région du Hodh Charghi, dans le cadre de la lutte contre le trafic de la drogue et de la surveillance des frontières contre les groupes terroristes. Cette région de l'Est mauritanien se situe dans la zone dite “triangle de la mort” où sévissent des groupes armés parmi lesquels le GSPC, autoproclamé branche El-Qaïda du Maghreb, et d'anciens rebelles venus du nord du Mali. D. Bouatta