La décision de créer un commandement pour l'Afrique reflète l'inquiétude des Etats-Unis de voir certains pays d'Afrique servir de sanctuaires à des organisations terroristes. Une conférence réunissant les chefs d'état-major des armées américaine et de neuf pays du Maghreb et du Sahel, dont l'Algérie, s'est tenue hier, à Dakar pour renforcer la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahara. Le Tsctp est une structure réunissant les Etats-Unis et neuf pays du Maghreb et du Sahel afin «d'empêcher le terrorisme de s'implanter dans les zones transfrontalières du Sahara», et dans ce cas, la principale menace terroriste dans la région s'appelle le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), devenu depuis peu «Organisation Al Qaîda du Maghreb islamique». Les chefs d'état-major des armées d'Algérie, du Mali, du Maroc, de la Mauritanie, du Niger, du Nigeria, du Sénégal, du Tchad, de la Tunisie, et des Etats-Unis, ont, notamment débattu de la manière la plus appropriée pour sécuriser la vaste bande du Sahel, abandonnée par les gouvernements locaux et devenue une sorte de no man's land pour les groupes rebelles, les contrebandiers et les aventuriers de tous bords. Placée sous le thème-ordre du jour de «La mise en place de mécanismes de lutte contre la menace terroriste», cette conférence, d'une journée, est placée sous l'égide du partenariat trans-saharien de lutte contre le terrorisme (Tsctp), une structure réunissant les Etats-Unis et neuf pays du Maghreb et du Sahel afin «d'empêcher le terrorisme de s'implanter dans les zones transfrontalières du Sahara». Les chefs d'état-major des armées du Sénégal, d'Algérie, de Tunisie, du Maroc, du Niger, du Nigeria, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie, ainsi que le commandant-adjoint des forces américaines en Europe, étaient présents à cette conférence. Cette réunion vient au lendemain de l'annonce, par l'armée américaine de la création d'un commandement pour l'Afrique afin de superviser les opérations et les relations américaines avec ce continent. La décision de créer un commandement pour l'Afrique reflète l'inquiétude des Etats-Unis de voir certains pays d'Afrique servir de sanctuaires à des organisations terroristes, mais renseigne aussi, affirment les spécialistes du dossier américain, sur les velléités des «faucons» de Washington de prendre pied sur le continent africain à la faveur du «dossier terrorisme», devenu tout à coup un fourre-tout à la Prévert pour les desseins les plus hégémoniques. Le Pentagone n'a jamais caché son intention, depuis 2003, de se doter d'un commandement régional spécifique pour l'Afrique. «Le président George W.Bush a décidé de créer un nouveau commandement unifié pour l'Afrique», avait annoncé, mardi, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates. «Ce commandement sera chargé de développer la coopération militaire avec les pays africains et de mener des opérations militaires si nécessaire», a-t-il expliqué. Auparavant, la Maison-Blanche a précisé dans un communiqué que «des consultations seront menées avec les pays africains pour déterminer l'endroit où sera situé ce commandement en Afrique», Jusqu'à présent, la responsabilité de l'Afrique au Pentagone est partagée entre trois commandements régionaux: le commandement central (Centcom), qui supervise le Moyen-Orient, a la responsabilité de la Corne de l'Afrique, le commandement pour le Pacifique se charge de Madagascar tandis que celui pour l'Europe s'occupe du reste, c'est-à-dire de la plus grande partie de l'Afrique. «Ce commandement nous permettra d'avoir une approche plus efficace et plus intégrée que l'organisation actuelle qui divise l'Afrique entre le commandement central et le commandement européen, une organisation dépassée qui remonte à la guerre froide», a estimé Gates. Washington soupçonne le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), un mouvement algérien, de vouloir créer un «Al Qaîda du Maghreb et du Sahel». Mais, outre le Gspc, le gouvernement américain pense que parmi les membres d'Al Qaîda se trouvant en Somalie, figurent le Comorien Fazul Abdullah Mohammed et le Kényan Saleh Ali Saleh Nabhan, impliqués dans les attentats de 1998 (224 morts) contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, ainsi que Abu Talha al-Sudani, un Soudanais proche d'Oussama Ben Laden et expert en explosifs. Les détracteurs de la politique américaine jugent, toutefois, que Washington exagère l'influence d'Al Qaîda sur les islamistes somaliens, dans le but de poursuivre ses objectifs géostratégiques dans la Corne de l'Afrique.