Même si le relief du désert est rude et âpre, les Soufis ont réussi à le dompter en y créant des havres de verdure. Les ghots, ces espaces de dénivelé situés entre les dunes, sont mis à profit pour leur sol humide car proche de la nappe phréatique supérieure. C'est ainsi que ces espaces sont transformés en palmeraies au rendement très important. Les Soufis ont su ainsi tirer profit d'un environnement généralement hostile au travail de la terre. Durant des siècles, ces ghots ont représenté le garde-manger de ces Oasiens qui se tuent à la besogne pour rendre arable un sol stérile fait de sable et de rocaille. Parmi ces zones hostiles, ils sont parvenus à aménager des espaces de verdures entre les dunes où désormais fleurissent les palmiers. Ces derniers ayant leurs racines dans une zone humide, ils n'ont pas besoin d'être irrigués. Cette technique a permis aux fellahs d'économiser l'eau et de produire une datte d'une qualité nutritionnelle et gustative particulière. Mais au début des années 1980, ces ghots, qui constituaient auparavant un vivier pour ces arbres, sont devenus aujourd'hui leur tombeau. L'augmentation du nombre d'habitations en raison de la croissance démographique a engendré automatiquement un surplus en matière de rejet d'eaux usées. Ces dernières, non traitées, ont vite fait de polluer la nappe et cela a sonné le glas de la culture dans les ghots. Cette situation a failli mettre un terme à toute agriculture dans la région, mais c'est compter sans l'abnégation du fellah soufi qui a su tirer son épingle du jeu en optant pour d'autres cultures inédites dans le Sahara comme l'oléiculture : plus d'un million d'oliviers ont été plantés. De nouveaux espaces ont été gagnés sur le désert et ce, grâce aux aides des pouvoirs publics qui ont voulu ainsi contribuer à assurer aux agriculteurs un revenu de substitution car les surfaces de palmeraies se réduisaient comme peau de chagrin. Même si cette nouvelle agriculture a donné des résultats probants, il n'en demeure pas moins que les fellahs de la wilaya ont remué ciel et terre pour alerter les pouvoirs publics qui ont lancé, dans un premier temps, des études en vue de mettre un terme au phénomène de la remontée des eaux dans les ghots dont plus de 3 000 sont devenus improductifs et irrécupérables. Informé sur le phénomène lors de sa visite à El Oued en 2004, le président de la République, qui avait constaté de visu les dégâts occasionnés, avait ordonné d'enregistrer comme prioritaire les programmes de réhabilitation des ghots, de la nappe phréatique et des réseaux d'assainissement de toute la wilaya. Les études, qui ont duré deux années, ont nécessité, à elles seules, un budget de 30 milliards de centimes. Quant aux travaux entamés en 2006 et devant pendre fin en 2008, un budget énorme leur a été alloué : 250 millions de dollars soit 2 400 milliards de centimes. “Depuis l'apparition du phénomène de remontée des eaux au début des années 1980, plus de 1 million de palmiers sont morts”, affirme Abdellali Fallah, chef de service par intérim de régularisation de la production et du soutien technique à la direction de l'agronomie d'El Oued. Le même interlocuteur se montre confiant quant à l'avenir car la wilaya dispose tout de même d'un important patrimoine en matière de phoeniciculture : 3 255 millions de palmiers. Justement, dans le cadre des opérations de sauvetage des ghots, la direction de l'agriculture, a pu en réhabiliter pas moins de 700. “Nous avons entamé le remblaiement partiel de 700 ghots pour les exploiter de nouveau. Nous avons aussi entrepris la réalisation de pistes et des travaux d'électrification des zones où sont situés ces ghots réhabilités. Nous avons réalisé ces travaux grâce au soutien du Fond national de développement rural et agricole (FNDRA)”, ajoute M. Fallah. Cette opération qui a permis de sauver 70 000 palmiers a coûté à elle seule 4,5 milliards de centimes. S. I.