L‘organisation, devenue depuis septembre 2006 branche armée d'al-Qaïda au pays du Maghreb islamique après son ralliement à la nébuleuse d'Oussama Ben Laden, tente de minimiser l'impact de la reddition récente de l'un de ses dirigeants sur l'avenir de l'organisation terroriste. Dans un communiqué publié avant-hier sur internet, al-Qaïda au pays du Maghreb a qualifié cet ancien responsable, dont la reddition avait été annoncée en juillet dernier, de “traître”. Benmessaoud Abdelkader, alias Mossâab Abou Daoud, ancien “émir” de la zone 9 (sud du pays), avait révélé que le ralliement du GSPC à Al-Qaïda d'Oussama Ben Laden aurait été “décidé unilatéralement” par son chef Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossâab Abdelwadoud. Le transfuge islamiste avait ainsi laissé entendre qu'il n'avait pas approuvé la démarche de Droukdel, ce qui expliquerait sa reddition. Il avait ajouté que le chef de la zone sud du GSPC, Mokhtar Belmokhtar alias Abou El-Abbès Khaled, alias Belaouar (le borgne), a été remplacé par Yahia Djouadi, alias Abou Amar Abd El-Ber, ancien chef de la section information du groupe. Mokhtar Belmokhtar, craignant d'être liquidé par le nouveau chef, “envisagerait de se retirer au Mali”, selon Abou Daoud qui aurait fourni aux services de sécurité d'importants renseignements sur les phalanges d'“el-moulathamoun” et “Tarek-Ibn Ziad”, principaux groupes agissant sous la houlette d'Al-Qaïda dans le sud algérien. Al-Qaïda au pays du Maghreb a démenti, dans son communiqué, toutes les affirmations de Mossâab Abou Daoud, notamment les divergences au sein de l'organisation sur les attentats du 11 avril perpétrés contre le palais du gouvernement et le commissariat de Bab-Ezzouar, allant jusqu'à lui dénier son statut d'ancien “émir”. Abou Daoud “ne fait pas partie des leaders de l'organisation, il n'est qu'un simple soldat qui a dirigé l'escadrille de Boukhil, dans la région de Djelfa pendant quelques mois”, a affirmé l'organisation de Droukdel dans son communiqué repris par le quotidien panarabe Asharq Al Awsat. Le communiqué a également évoqué les dernières offensives de l'armée contre les maquis terroristes où sont encore réfugiés des membres d'Al-Qaïda. Le texte a cité notamment l'opération menée par les militaires la semaine écoulée près de la frontière tunisienne, à l'issue de laquelle quatre terroristes originaires de la Libye ont été tués. Al-Qaïda a, par ailleurs, démenti la capture par les forces de sécurité de “Zoubir Abou Sajida”, l'un des trois kamikazes qui ont participé aux attentats à la voiture piégée du 11 avril, affirmant que ce terroriste s'est fait exploser contre le commissariat de Bab-Ezzouar. Affaibli par les coups de boutoir des forces de sécurité qui multiplient les offensives contre les fiefs de cette organisation, minée par les dissidences et les redditions, la branche d'Al-Qaïda tente visiblement par son communiqué d'atténuer l'ampleur de sa déroute. Dans le même temps, le texte signé par la “commission de l'information” de l'organisation est un aveu implicite que la défection d'Abou Daoud n'a pas laissé indifférents Abdelamalek Droukdel et ses lieutenants. La reddition de l'ancien “émir” de la zone 9, par où transite l'essentiel de l'arsenal de guerre d'Al-Qaïda en Algérie, combinée avec le retrait de Mokhtar Belmokhtar, ancienne pièce maîtresse du groupe dans le sud algérien, est un coup dur porté à la stratégie de ce groupe calquée sur Al-Qaïda d'Oussama Ben Laden, sa nouvelle “maison mère. D'autant qu'Abou Daoud, qui avait déclaré s'être rendu suite à la pression exercée par les services de sécurité et au processus de réconciliation en cours, s'est engagé à encourager d'autres terroristes à renoncer aux armes. Une éventualité que redoute sérieusement Al-Qaïda-GSPC, qui risque ainsi de subir le même sort que son ancêtre, le Groupe islamique armé (GIA), démantelé par les services de sécurité en janvier 2005, à l'issue de nombreuses opérations menées contre ses fiefs par l'armée et d'une cascade de dissidences. R. B.