Les habitants d'El Menia, à 270 km au sud-est du chef-lieu de wilaya, ne savent plus à quel saint se vouer pour demander la protection, la sauvegarde et la restauration, du moins de ce qui peut encore l'être, de ce qui reste de leur vieux ksar, érigé au IXe siècle par les Berbères Zénètes. Patrimoine séculaire et partie intégrante de leur mémoire et de leur culture, il est, hélas, devenu, au vu et au su de toutes les autorités locales, le lieu de rendez-vous de tous les marginaux de la région avec tout ce que cela suppose comme dégradation et vandalisme causés par les émules d'“Attila”. Au point d'être quasiment irrécupérable, le site perdant chaque jour un peu plus de sa structure par la chute d'une pierre, d'un morceau ou d'un pan entier de cet édifice historique, surplombant la palmeraie et la sebkha d'El Menia (la Protégée), depuis plus de 10 siècles. Du haut de son promontoire, le Ksar, dénommé Taourirt (colline en tamazight), veille sur l'immense et splendide oasis, située au carrefour des pistes commerciales qui reliaient jadis l'Afrique du Nord de l'époque médiévale à l'empire Shongai Subsaharien. Ses vestiges témoignent de la présence passée d'une civilisation citadine évidente, au rayonnement d'ailleurs encore palpable tant la configuration urbaine demeure une curiosité pour les historiens, les archéologues et autres ethnologues. Dominant la façade est de la superbe palmeraie d'El Menia, appelée aussi El Goléa, dérivé d'El Kalaâ (la citadelle), il a la particularité d'avoir comme point focal la mosquée autour de laquelle est circonvolution l'urbanisme du ksar, dont les maisons ont cette singularité d'être creusées en spirale descendante dans la roche. Classé pourtant patrimoine national, mais abandonné par les hommes et clochardisé par les incultes, il vient juste de bénéficier de 5 millions de dinars pour au moins essayer de préserver et de réhabiliter ce qui peut encore l'être, en particulier le palais de la princesse M'barka Bent El Khass, quelques habitations et les vestiges de la mosquée.Espérons, seulement, que les travaux seront confiés à des artisans émérites et non, comme d'habitude, à des “copains” et à des amateurs aux qualifications douteuses. L. Kachemad