Malgré le soutien affiché de Paris, Washington et Madrid, Rabat court à l'échec. C'est le pronostic de Mohamed Abdelaziz, le président sahraoui, après deux rounds de négociations avec les Marocains. Pour le président sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, le plan d'autonomie marocain commence à fondre. Dans une allocution prononcée lors d'une réunion regroupant les responsables sahraouis, Abdelaziz a indiqué que Rabat, en dépit du soutien affiché par ses alliés à Paris, à Washington et à Madrid, n'a pas pu imposer son plan d'autonomie pour le règlement du problème sahraoui. Il s'est dit convaincu que le Maroc n'aura plus le soutien qu'il avait auparavant. Le président sahraoui a estimé que les deux rounds de négociations avec le Maroc, tenus les 18 et 19 juin, puis les 10 et 11 août, à Manhasset, aux Etats-Unis, ont constitué “une victoire pour le peuple sahraoui”, en médiatisant sa cause, appréhendée aujourd'hui par l'opinion internationale comme une question de décolonisation. L'autre aspect positif des négociations de Manhasset a été de barrer la route à la propagande marocaine visant à impliquer l'Algérie et la Mauritanie dans le conflit du Sahara occidental, dès lors que les deux rounds ont défini les parties au conflit, à savoir le Maroc et le Front Polisario. Abdelaziz n'a d'ailleurs pas manqué de se féliciter du maintien du cadre, de la base et du modérateur de ces négociations bipartites, en l'occurrence les Nations unies. Sur ce plan, l'ONU aura rectifié le tir en revenant à sa Charte, nonobstant les multiples pressions et tentatives visant (qui avaient visé), ces deux dernières années, à mettre en marge la responsabilité et le rôle des Nations unies. Pour sa part, le chef de la délégation sahraouie aux négociations de Manhasset et président du Parlement sahraoui, Mahfoud Ali Beiba, a présenté un exposé exhaustif sur la deuxième rencontre avec les Marocains. Regrettant que la délégation de Mohammed VI campe toujours sur ses positions et ne fasse guère montre de bonne foi pour faire progresser les négociations, en s'accrochant à sa thèse d'autonomie, Ali Beida s'est réjoui de la proposition visant à instaurer la confiance dans les négociations maroco-sahraouies présentée par l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental, Peter Van Walsum. La proposition en question a trait à des dispositions humanitaires entre les deux protagonistes, notamment l'ouverture d'un passage terrestre permettant l'échange de visites entre les familles sahraouies séparées par le mur marocain, l'envoi de délégations communes aux Lieux Saints de l'islam, la collaboration entre le Maroc et le Front Polisario dans les opérations de déminage et la formation d'une mission militaire mixte. Le Maroc les a rejetés mais elles restent significatives quand au rejet de la thèse marocaine. Enfin, les Sahraouis se gardent la possibilité de relancer la guerre en cas d'obstination marocaine. Pour Abdelaziz, l'“intifada” sahraouie, déclenchée en mai 2005 dans les territoires occupés du Sahara occidental, qui a contraint le Maroc à négocier, va accélérer le processus de recherche d'un règlement juste, elle se poursuivra en développant de nouvelles méthodes pacifiques jusqu'à la réalisation de l'indépendance, a-t-il assuré. D. Bouatta