La sélection algérienne jouait, hier, son premier match officiel en France ; fallait oser, ils l'ont fait... Après avoir invité, l'année passée, des clubs européens comme Leicester ou le Stade français, les organisateurs du Challenge Vaquerin, à Camarès, dans l'Aveyron, ont joué cette année sur deux tableaux : mondial avec la participation des Fidji et de la Georgie, mais aussi sentimental avec la venue d'une sélection Provale (le syndicat des joueurs) composée de “rugbymen à la recherche d'emploi” (des chômeurs, quoi ...) et une sélection d'Algérie en quête de reconnaissance. Joli coup, finalement. Car tous sont tombés sous le charme de ces jeunes joueurs qui, pour la plupart, évoluent en France, mais aussi devant la détermination de leur pays d'origine à s'ouvrir au rugby. “Ce sport qui véhicule des valeurs que nous voulons faire nôtres”, précise Badredine Nâaman, directeur des sports au ministère algérien de la Jeunesse et des sports, venu spécialement sur le Challenge Vaquerin pour démontrer à quel point le gouvernement de son pays désire promouvoir l'ovale. Et ce n'est pas Mourad Kellal, président de l'Association algérienne de rugby (pour l'instant, il n'y a pas de fédération inscrite à l'IRB) qui dira le contraire : “Depuis 2005, les opérations de promotion du rugby se succèdent auprès des jeunes. Nous avons sensibilisé plus de dix mille enfants. En Algérie, il y a huit millions de scolaires, c'est un pays jeune. Nous avons un vivier énorme.” Pour l'instant, la sélection nationale d'Algérie vient puiser ses joueurs... en France où évolue un nombre impressionnant de joueurs d'origine algérienne. Comme Azouz Aïb, troisième ligne à Millau qui vient de signer pour un club italien. Et en qui tous reconnaissent le déclencheur de cette opération. “Il y a des joueurs d'origine algérienne à tous les niveaux du championnat de France”, précise l'immense “Zouzou”. En Top 14, en Pro D2 et en Fédérale 1 et qui possèdent une double nationalité. Le plus difficile est d'attirer dans notre sélection des joueurs professionnels, car, pour l'instant, nous n'avons qu'une association, pas une fédération. “C'est vrai qu'il serait dommage de se passer d'un Farid Sid ou d'un Rida Jahouer. Mais les jeunes poussent. Et l'espoir de voir enfin une fédération algérienne de rugby est présent. Nous sommes en bonne voie”, précise Mourad Kellal qui espère également récupérer un budget. Et d'ajouter : “Vous savez, tous les joueurs qui sont venus ici, à Camarès, sur le Challenge Vaquerin, sont venus par leurs propres deniers.” Mais l'occasion était trop belle. Hier, lors de la dernière journée du Challenge, la sélection algérienne a fait plus que se défendre, avant de s'incliner face à Agen (33 à 3). Mais l'intérêt est ailleurs.... “Notre objectif premier est la Coupe d'Afrique, car elle est à notre portée. La Coupe du monde, on verra. Il faut être réaliste”, sourit Azouz Aïb. Pour l'instant, le fait d'avoir été invité à rendre hommage au plus prestigieux pilier qu'ait connu la France est déjà pour eux une victoire... In Midi libre