Résumé : Amel se confie à sa mère. Elle lui raconte sa rencontre avec Ramzi et les intentions de ce dernier. Sa mère la met en garde. Amel sourit à cet adjectif. - Je l'ai rencontré à l'aéroport de Constantine. J'avais auparavant effectué le voyager de l'aller avec sa maman. - Ah ! Tu connais donc aussi ta future belle-mère ? - Oh ! Elle n'est pas encore ma belle-mère. C'est avant tout une femme adorable et très ouverte. Le contraire m'aurait d'ailleurs étonnée. Seule une femme de son envergure aurait pu enfanter un commandant de bord. Un moment de silence suit la révélation. Amel regarde sa mère. Cette dernière avait gardé les lèvres serrées. Elle se lève et se dirige vers la porte. - Maman, attends donc une minute. Tu ne dis rien ? - Que veux-tu que je te dise Amel. Si ton destin est déjà tracé, je ne peux rien y changer. - Tu viens de me dire qu'aucun homme n'est trop beau, ni trop intelligent pour qu'une femme se sous-estime. - Oui... mais de là à penser qu'un commandant de bord s'intéresse à toi ! - Alors, j'avais raison d'avoir peur et de me sous-estimer. - Te sous-estimer ? Non ! Mais non ! Ce n'est pas de ça que je voulais parler... je pensais plutôt à autre chose. - Quelle chose ? - Eh bien... je pense que ce genre d'homme est instable, c'est quelqu'un qui doit vivre plus sur un avion que sur terre. Tu comprends ce que je veux dire ? Amel hoche la tête d'un air affirmatif : - Alors es-tu prête à accepter de vivre avec un homme que tu ne verras qu'au hasard de ses escales ? Es-tu prête à accepter de vivre l'attente angoissée d'un retour, et les multiples suspicions de ses absences prolongées ? Car, il faut bien te mettre en tête que nous les femmes sommes ainsi faites : nos idées, nos pensées convergent toujours vers le doute, d'autant plus qu'il s'agit d'un homme qui trouvera dans ses déplacements fréquents les raisons les plus logiques à ses absences. Aurais-tu le courage de dormir tout en le sachant loin de toi, et... - Et... quoi ? Et quoi, mère ? demande Amel d'une voix étranglée. - Eh bien, tel que soit cet homme, tu accepteras peut-être un petit sacrifice au début de ton mariage mais, par la suite, tu trouveras illogique qu'un homme comme lui, appelé à s'absenter régulièrement durant plusieurs jours, n'attendra que le jour de revoir tes beaux yeux. Tu me comprends, Amel ? Amel baisse la tête. Elle n'osait plus regarder sa mère en face. C'est vrai, se dit-elle au fond d'elle-même. Ceci est peut-être toute l'explication de toutes ses angoisses passées. Elle tire sur une mèche de sa chevelure et se met à l'entortiller entre ses doigts. Sa mère lui jette un coup d'œil, puis la tire de ses méditations. - En conclusion, mettons la situation sur le dos du mektoub. Si cet homme t'est destiné, il sera ton mari, que tu le veuilles ou pas. Amel passe une nuit agitée. Des pensées se bousculaient dans sa tête et elle eut un mal fou à trouver le sommeil. Elle se rendit au bureau avec une bonne heure de retard et s'empresse d'appeler son amie Hayette. Elles s'abstinrent de trop discuter au téléphone, des oreilles indiscrètes peuvent toujours être à l'affût de leur conversation, mais convinrent d'un commun accord, de se retrouver à l'heure du déjeuner. Amel ne tenait plus en place. Machinalement, elle s'acquitte de son travail et liquide plus ou moins quelques dossiers urgents. Une mission s'annonçait pour la semaine prochaine. Au moins aurait-elle tous les documents requis en main. À 12h10, elle retrouve Hayette dans un petit restaurant pas trop loin de son lieu de travail. Cette dernière avait, comme à ses habitudes, déjà passé commande et c'est donc autour d'un plat de poissons qu'elles entamèrent leur discussion. Amel raconte à Hayette sa dernière rencontre avec Ramzi. - Il veut m'épouser, rajoute-t-elle à la fin du récit. Il attend ma réponse Hayette. Celle-ci écarquille les yeux de surprise : - C'est ce que tu voulais non ? Qu'attends-tu donc pour t'accrocher ? - Hum ! Je ne sais pas exactement, mais ma mère m'a ouvert les yeux sur beaucoup de choses. - Quelles choses ? Tu ne vas tout de même pas refuser un tel homme ! - Je ne sais pas Hayette, je deviens plus hésitante que toi. - Moi ? Mais ma chère, moi je sais ce que je veux. Par contre, toi… - Oui je sais. Tu vas me dire que je suis entichée, que je n'attendais que cette fameuse demande et que tu ne comprends plus rien à mes hésitations. - Alors de quoi s'agit-il ? Explique-toi donc. - Eh bien, ma mère le trouve trop… trop … volage. - Cela va de soi… c'est un pilote. - C'est justement parce qu'il est pilote, qu'elle m'a mise en garde contre certains agissements. - Certains quoi… ? Amel dépose sa fourchette et s'essuya les lèvres avant d'entamer son récit. Y. H.