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Maya
La nouvelle de Yasmine Hanane
Publié dans Liberté le 08 - 12 - 2009

Résumé : La soirée s'annonce houleuse. Malgré l'insistance de Djamel et son assurance, Samia appréhende d'affronter ses beaux-parents, et en particulier sa belle-mère. Elle accepte à contrecœur de descendre pour le dîner…
21eme partie
Samia se lève.
- Alors, bébé, allons voir ce qui se passe en dessous, et je te préviens que je mettrais ma menace en exécution si…
- Ta ta ta, on ne va pas te dévorer, ma chérie. Nous ne vivons pas dans une jungle tout de même !
- Bien. Nous allons voir.
Elle sourit d'un air menaçant et ajoute :
- Tu vois, Djamel, il n'y a pas que les femmes qui sont soumises !
- Mais, je le sais. Chez mes parents, c'est toujours ma mère qui mène la barque, mais cela ne sera plus de mise avec moi désormais, car tu es là maintenant.
- Mais je l'espère.
Elle lui prend le bras et ils descendent au rez-de-chaussée, où la table était déjà dressée pour le dîner.
Djamel jette un coup d'œil circulaire et constate que son père lisait tranquillement son journal, à moitié allongé sur le sofa, alors que sa mère s'affairait dans la cuisine.
Elle en ressortit en s'essuyant les mains à une serviette et leur lance :
- Ah, enfin vous êtes là. Il n'est pas trop tôt, je commençais vraiment à me demander si vous alliez enfin descendre pour le dîner ou pas.
Samia s'approche de sa belle-mère et lui propose son aide :
- Tu veux que je t'aide à servir belle-maman ?
Cette dernière lui jette un regard désapprobateur :
- Non. Ce n'est pas la peine, je suis encore assez solide sur mes deux jambes pour me passer de l'aide de qui que ce soit. J'aime faire la cuisine et mes plats sont toujours réussis. Tu viens à peine de commencer ta vie, ma petite, et tu as encore de longues années d'apprentissage devant toi.
- Mais je sais tout de même cuisiner, s'écrie Samia incrédule.
Djamel lui fait signe de se taire, mais la belle-mère riposte :
- Oui, tu sais cuisiner. Je te mettrai à l'épreuve un de ces jours. En attendant, tâche au moins d'être à l'heure pour le déjeuner et le dîner. Je n'aime pas les retardataires et je saurais les punir en cas de récidive.
Samia sentit la moutarde lui monter au nez, mais elle se ravisa et se mit à table auprès de son mari, tandis que son beau-père les rejoignait.
- J'ai faim, lance Djamel à l'intention de sa mère qui commençait à servir une chorba fumante dans les assiettes.
Sa mère le regarde un moment, puis dépose la louche et s'assoit avant de lancer :
- Tu n'as donc pas déjeuné chez tes beaux-parents ?
Djamel hoche la tête, puis répond :
- Si, nous avons déjeuné, et pris un café dans l'après-midi. Mais il se fait tard et j'ai faim.
- Tout cela, parce que tu as préféré te rendre de l'aéroport directement chez d'autres gens que chez les tiens.
- Maman ! s'écrie Djamel, je ne me suis pas rendu chez des gens, ce sont mes beaux-parents !
- Hum. Je vois, tu es déjà pris dans l'engrenage des liens conjugaux. Oh ! mon pauvre fils !
- Belle-maman, lance Samia outrée, je suis sa femme et mes parents ne sont pas des étrangers. Nous étions si fatigués par le voyage que j'ai proposé à Djamel de faire un petit saut chez moi afin de nous reposer.
La vieille dame jette un coup d'œil scrutateur à travers ses lunettes à sa belle-fille :
- Je me suis adressé à mon fils que je sache.
Samia riposte :
- Il est aussi mon mari.
- Ah ! Tu entends ça, Djamel !
Djamel ne savait plus quel parti prendre et interroge son père des yeux. Ce dernier dépose sa cuillère et lance :
- Assez parler femme. On dirait que tu as avalé un moulin. Que t'arrive-t-il donc. Laisse ces jeunes gens tranquille.
Sa femme, qui ne s'attendait point à une telle intervention, affiche une grimace de dégoût.
- Tu ne connais rien toi aux manigances de ces jeunes gens. Tu imagines que notre fils unique a préféré d'abord se rendre chez ses beaux-parents que chez les siens !
- Et alors, quel mal y a-t-il à cela ?
- Mais, mon cher, tu vois bien que ton fils a changé à notre égard.
- Je n'ai pas du tout changé, mère. Je suis toujours Djamel ton fils, qui t'aime et te respecte.
- Oui oui, je le sais. Nous verrons dans quelques mois ce que cela donnera.
Y. H.
(À suivre)


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