À moins de trois semaines de la rentrée scolaire, les parents, soucieux d'assurer à leur progéniture les meilleures conditions de reprise, ont investi à l'unisson non pas les magasins, comme cela se fait dans les sociétés civilisées, mais les trottoirs et les bouts de rues pour faire leurs emplettes de circonstance. Certes, la prochaine échéance électorale qui se profile sera pour eux une opportunité “taillée sur mesure” pour prospérer dans l'impunité la plus absolue, par allégorie. Signe des temps présents maudits, la ville de Souk-Ahras s'est convertie, bien malgré elle, en une multitude de points de vente où trône majestueusement le produit textile chinois proposé à des prix abordables pour ne pas dire dérisoires. Pulls, pantalons, socquettes, tabliers et autres font de l'ombre et davantage encore à la production nationale qui a, depuis un bon bout de temps déjà, largué les amarres de la résignation. Il est vrai que le rapport qualité/prix très incitatif qu'offre la marchandise pékinoise a de quoi appâter le plus fieffé des grippe-sous, du coup, c'est l'avalanche de consommateurs qui s'abat depuis quelque temps sur les innombrables grandes surfaces aménagées à l'air libre. Une véritable frénésie s'est emparée des parents qui dépensent sans compter pour satisfaire l'insatiable appétit de leurs rejetons à telle enseigne qu'on est amené à s'interroger s'il existe encore des démunis ? La question n'a rien de saugrenu encore moins de sarcastique. Elle relève de l'ordre naturel des choses eu égard au rush massif de nos concitoyens qui, pour habiller de pied en cape leurs enfants, déboursent près de 2 000 DA en moyenne et l'affaire est pratiquement réglée. Les prix très compétitifs proposés à la clientèle conviennent en fait à toutes les bourses et ce n'est pas là le moindre des avantages pour les citoyens éprouvés, tout au long de ces dernières années, par un pouvoir d'achat vertigineux et qui prend inexorablement l'ascenseur dans un chassé- croisé aussi troublant qu'exténuant. Ceci pour dire que la tendance générale à Souk-Ahras, à la vieille de la rentrée scolaire, est à la satisfaction quand bien même il subsisterait quelques poches de pauvreté, qui gagneraient certainement à être prises en charge aussi bien par les pouvoirs publics que par le mouvement associatif, histoire de tenter de préserver les équilibres sociaux et de sauver ainsi les apparences. Nonobstant l'octroi, chaque année, d'une maigre manne d'argent par l'APW et l'APC au comité de solidarité qui servira à l'acquisition de fournitures scolaires au bénéfice des élèves nécessiteux, peu ou prou, cela reste, malgré tout, une contribution à saluer, l'hôpital n'a pas à se moquer de la charité même si des grincheux font remarquer, à très juste titre, qu'accorder 2 000 DA à un élève n'est pas un signe de munificence, ce faisant, aux yeux de la plèbe par le fait de pavés aussi maladroits, aussi inconsidérés, les rares associations caritatives sérieuses dont les membres, à l'instar d'El Massâa El Hamid, se dépensent sans compter, font ce qu'elles peuvent pour redonner gaieté et joie de vivre à une communauté de plus en plus fournie de pauvreté, laissés à la traîne des contingences impitoyables. L'école, espace d'équité où toutes les disparités devraient en principe s'estomper, survivra-t-elle à tant de fractures sociales ? C'est là, assurément, un des challenges auxquels s'attaque l'armée des bénévoles qui croient dur comme fer en l'efficience de leur mission érigée en sacerdoce Y. Barour