Que s'est-il passé en juillet entre la France et la Libye ? Le dirigeant Kadhafi avait alors reçu le président Sarkozy. La rencontre intervenait après la libération des soignants bulgares détenus en Libye. De paris, Résultat de négociations ardues qui ont duré des années, cette libération a été finalement cueillie comme un fruit mûr par l'épouse du chef de l'Etat français. Cadeau de Kadhafi ? L'hypothèse est évoquée et la question agite les milieux politiques en Europe. Et surtout celui de l'opposition en France qui soupçonne l'existence d'une contrepartie accordée à un dirigeant qui, même “repenti”, éveille encore des réserves sur la scène internationale. Dans sa dernière édition, Le Canard Enchaîné croit savoir que l'accord prévoit notamment l'acquisition de matériel militaire et l'entraînement des forces spéciales libyennes. Fac-similé à l'appui, l'hebdomadaire satirique n'a pas été démenti par le ministère de la Défense qui s'est refusé à tout commentaire. Le ministère des Affaires étrangères a confirmé l'existence de ces documents mais “il n'est pas d'usage que les accords de coopération en matière de défense soient rendus publics”, a ajouté un porte-parole. L'accord avait été signé par les ministres français et libyen des Affaires étrangères Bernard Kouchner et Abderrahmane Chalgam. Comptant 12 points, l'accord porte sur des questions générales comme des “échanges de vues et d'informations” ou des “visites réciproques d'experts” mais surtout sur “l'acquisition de différents matériels et systèmes de défense” ainsi que la “protection et l'encouragement des investissements communs dans le domaine de la défense”, indique Le Canard Enchaîné. L'accord évoque aussi “la possibilité d'effectuer des manœuvres militaires conjointes” ou encore “l'entraînement des unités militaires spéciales, des forces spéciales et des unités de gardes frontières”. Toujours selon l'hebdomadaire, l'accord prévoit que la “planification” de cette coopération sera “mise en œuvre” au cours “des douze mois à venir”. La Libye, détaille-t-il, qui n'est plus soumise à un embargo européen sur les armes depuis 2004, envisage d'acquérir “des matériels de sécurité” pour la surveillance de ses frontières et ports, des “véhicules militaires de tout type”, des équipements logistiques, des navires et des patrouilleurs, des “systèmes de défense aérienne”, des avions de combat et de transport ainsi que des “systèmes spatiaux”. Tripoli avait annoncé début août la signature d'un contrat d'armement avec le groupe européen EADS pour l'achat de missiles Milan pour 168 millions d'euros et d'un système Tetra de communication radio pour 128 millions d'euros. Le 25 juillet, les deux pays avaient également signé un mémorandum visant à fournir à la Libye un réacteur nucléaire pour la désalinisation de l'eau de mer. En France, l'opposition a réclamé une commission d'enquête parlementaire, qui devrait voir le jour en octobre, pour établir l'existence d'éventuelles “contreparties” à la libération des infirmières bulgares, et clarifier le rôle de l'épouse du président, Cécilia, qui avait ramené les infirmières en Bulgarie. L'opposition a dénoncé le manque de “transparence” dans la conclusion d'accords avec un régime longtemps accusé de soutenir le terrorisme. Yacine Kenzy