Khelifa est soupçonné par la justice française d'avoir détourné de l'argent, des titres et des actifs appartenant aux compagnies du groupe Khalifa, causant ainsi leur liquidation et le licenciement de plus de cent salariés et laissant une dette de plus de 90 millions d'euros. Attendue depuis le 2 août, date de comparution du prévenu, la décision de la justice britannique sur l'extradition de Rafik Khelifa vers la France a été rendue hier après-midi. Le juge Anthony Evans a donné son feu vert à cette extradition réclamée par les juges français dans le cadre d'une enquête sur des malversations présumées au sein du groupe Khalifa, dans les ex-sociétés Khalifa Airways, Antinéa Airlines (transport aérien) et Khalifa Rent-a-Car (KRC, location de voitures), toutes enregistrées en France. Le golden boy déchu, absent du tribunal en raison d'une grève des gardiens de prison qui n'a pas permis son extraction de sa cellule, ne sera cependant pas immédiatement livré à la France. La décision est susceptible d'appel, et le prévenu ne manquera certainement pas d'user de tous les pourvois que lui offre la justice londonienne réputée pour ses procédures complexes, gage de son indépendance. Dans un autre dossier, celui de Rachid Ramda réclamé par la France dans des affaires de terrorisme, la procédure a mis dix ans pour aboutir. Réfugié à Londres depuis la chute de son empire, Khelifa a été arrêté le 27 mars en Grande-Bretagne où il s'était réfugié, dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen. La décision rendue hier à Londres répondait à une demande du parquet de Nanterre (région parisienne) qui a ouvert fin 2003 une information judiciaire pour “abus de confiance, banqueroute par détournement d'actifs, banqueroute par dissimulation de comptabilité, blanchiment en bande organisée”. M. Khelifa est soupçonné d'avoir détourné de l'argent, des titres et des actifs appartenant aux compagnies du groupe Khalifa, causant ainsi leur liquidation et le licenciement de plus de cent salariés et laissant une dette de plus de 90 millions d'euros. Trois personnes ont été mises en examen fin mai en France dans cette affaire, dont la femme de Rafik Khelifa. Lors de l'audience du 2 août, l'avocat Richard Job avait estimé que Rafik Khelifa ne pouvait être extradé comme le demande la France, car il n'y est pas personnellement mis en cause. “Le tribunal doit protéger ses droits. Une personne ne peut être extradée que si elle est poursuivie, pas pour être interrogée”, avait-il affirmé, soulignant que “M. Khelifa n'est pas accusé en France”. L'argument a été balayé par le représentant de la justice française, Mark Summers, selon qui l'établissement d'un mandat d'arrêt par la France signifiait que la justice française entendait le poursuivre. Aucun juge français n'a entendu Rafik Khelifa en vue d'une éventuelle mise en examen car il ne se trouve pas sur le territoire français. Cependant, si la justice française a ainsi donné la preuve de sa volonté d'obtenir l'ex-golden boy, rien n'est clair du côté de la justice algérienne. Londres n'a toujours pas reçu la demande d'extradition d'Alger maintes fois promise par les autorités du pays où il a été condamné par contumace à la réclusion à perpétuité. C'est loin d'être l'unique zone d'ombre de ce dossier aux multiples ramifications. Y. KENZY