La rencontre des députés et sénateurs du Rassemblement national démocratique (RND) s'est déroulée hier au siège du parti politique, à Alger, en présence de son secrétaire général, Ahmed Ouyahia. Devant les membres du bureau national et la centaine de parlementaires, ce dernier a prononcé un long discours qui a duré près d'une heure. Le chef du RND a indiqué que sa formation “a soutenu et continuera à soutenir la réconciliation nationale”, de même qu'elle “insistera sur l'application des textes de cette réconciliation”. Selon Ouyahia, “la sécurité est fondamentale” dans le pays et “la poursuite de la lutte contre le terrorisme est une nécessité”, car l'Algérie n'a pas fini avec “le crime terroriste” dont sont encore victimes des citoyens. L'intervenant a néanmoins placé la réconciliation comme prolongement de la politique de concorde civile. Laquelle politique avait enregistré de “bons résultats”, avec notamment l'élargissement du “consensus” autour de la lutte antiterroriste. Dans ce cadre, “l'Etat a joué son rôle. Aux autres de prendre leurs responsabilités”, a-t-il ajouté, en référence à “la classe politique”. Le responsable du RND a écarté toute éventualité de création d'un FIS-bis, en interpellant cette même classe politique : “À cette dernière de soutenir la réconciliation nationale sans entretenir la confusion pour mettre fin définitivement au terrorisme”. Il a également appelé à “la vigilance”, cette “plus grande arme contre le terrorisme”, et à “la poursuite de la dénonciation” de ce fléau. Menace des “lobbies de l'argent sale” sur l'économie Même s'il a adopté un ton critique vis-à-vis du programme de l'Exécutif et de la gestion qui “doit s'améliorer”, le numéro un du RND a admis l'existence d' “avancées dans le pays”, voire celle d'une “évolution dans la réalisation des infrastructures (…) et le développement humain”. Mais, Ahmed Ouyahia a saisi l'occasion de la rencontre parlementaire pour alerter contre certains “phénomènes” qui contribuent à ébranler la confiance du citoyen et à le décourager. À savoir les scandales ayant fait la une des journaux sur “le pillage de la ressource nationale”, la dégradation du pouvoir d'achat et les “pratiques dangereuses des lobbies”. Des “lobbies” qu'il a qualifiés de “mafia”, car ils menaceraient “la stabilité nationale” en profitant des problèmes générés par la période de transition, y compris la situation du marché national, et seraient derrière “le marché des rumeurs”. Pour le chef du RND, les pouvoirs publics doivent mener une “lutte implacable contre ces lobbies”, pour empêcher les groupes de pression à “devenir le véritable pouvoir en Algérie”. “Nous ne sommes pas contre l'enrichissement des acteurs économiques ni contre le capital, mais nous condamnons les lobbies de l'argent sale”, déclarera plus tard Ouyahia à Liberté. Une centrale d'achat pour les circonstances d'urgence Le patron du RND a aussi abordé le phénomène de l'augmentation des prix des produits de première nécessité (blé, lait, etc.) sur le marché mondial et ses répercussions en Algérie. Ce phénomène, dira-t-il “n'est pas conjoncturel”, sans écarter le risque d'un niveau des importations pour cette année de l'ordre de 30 milliards de dollars. Aussi, plaidera-t-il à la fois pour “la maîtrise de l'économie de marché” et la mise en place d'une “centrale d'achat pour les circonstances d'urgence”, un dispositif public qui tendra à couper l'herbe sous les pieds des lobbies, qui interféreraient sur le marché des importations, surtout les importations des produits de large consommation, à l'exemple de la poudre de lait et de la pomme de terre. Le signal d'alarme du RND “La situation actuelle a montré les limites de notre politique en matière sociale”, a encore soutenu hier le chef du RND, en désapprouvant la décision du gouvernement de relever les salaires de certains secteurs, alors que l'origine de la crise est ailleurs. “Le RND ne s'oppose pas à l'augmentation des salaires des fonctionnaires, car les hausses sont normales, mais il n'y a pas que les fonctionnaires en Algérie”, a précisé Ouyahia. Ce dernier a expliqué que l'économie algérienne “ne souffre pas d'une crise de la demande, mais d'une crise de l'offre”, mettant en exergue le taux d'inflation (4,4%) pour le seul 2e semestre de l'année 2006. Elections locales : “Les listes sont en cours d'achèvement” Sur le chapitre politique, Ouyahia a rappelé que son parti se prépare aux élections locales de novembre 2007 depuis “le début de l'été”. “Nos listes sont en cours d'achèvement”, a-t-il affirmé, en applaudissant à la révision de la loi électorale visant à faire “barrage aux jeux des intérêts” et aux “mesures” prises récemment par le ministère de l'Intérieur, relatives à l'assainissement des listes électorales. Plus loin, il n'a pas caché ses appréhensions sur la participation des citoyens à la prochaine élection, faisant allusion à la forte abstention ayant marqué les législatives de mai dernier. H. Ameyar