Notre pays, à travers sa compagnie pétrolière Sonatrach, a consacré des efforts considérables et des investissements très lourds sur ses fonds propres pendant ces trente dernières années. L'Algérie fait partie des seize pays qui ont réduit leurs volumes de gaz torchés entre 1995 et 2006. C'est ce qui ressort d'une étude publiée par la Banque mondiale le 30 août dernier. Cette première étude du torchage du gaz à l'échelle mondiale a été réalisée à partir de données satellitaires, et un ensemble d'estimations nationales et mondiales des volumes de gaz brûlés a été élaboré pour une période de douze ans entre 1995 et 2006. L'étude, qui a été commandée et financée par le partenariat mondial pour la réduction des gaz torchés GGFR, a été réalisée par des chercheurs de l'Administration nationale de l'océan et de l'atmosphère des Etats-Unis d'Amérique (NOAA). Selon les données satellitaires, le volume des gaz torchés a augmenté dans vingt-deux pays au cours des douze dernières années. Il s'agit notamment des pays suivants : Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Azerbaïdjan, Chine, Ghana, Guinée équatoriale, Irak, Kazakhstan, Kirghizistan, Mauritanie, Myanmar, Oman, Ouzbékistan, Philippines, Papouasie, Nouvelle-Guinée, Qatar, Russie (à l'exception de la région de Kanty Mansysk), Soudan, Tchad, Thaïlande, Turkménistan et Yémen. Par ailleurs, les mêmes observations montrent que seize pays ont réduit leurs volumes de gaz torchés entre 1995 et 2006, à savoir : Algérie, Argentine, Bolivie, Cameroun, Chili, Egypte, Emirats arabes unis, Etats-Unis d'Amérique (offshore), Inde, Indonésie, Libye, mer du Nord, Nigeria, Norvège, Pérou et Syrie. Enfin, les volumes de gaz torchés sont restés globalement stables dans neuf autres pays durant les douze dernières années. Il s'agit des pays suivants : Australie, Equateur, Gabon, Iran, Koweït, Malaisie, Roumanie, Khanty-Mansiysk (Fédération de Russie) et Trinidad. L'Algérie accorde une importance capitale à la problématique posée par les gaz torchés. Notre pays, à travers sa compagnie pétrolière Sonatrach, a consacré des efforts considérables et des investissements très lourds sur ses fonds propres pendant ces trente dernières années. La compagnie a récupéré pour la période allant de 1980 à 2005 quelque 41 132 milliards de m3. La part du gaz torché par rapport aux gaz associés, qui était de 62% en 1980, a été ramenée à 12% en 2001, puis à 7% en 2005. L'Algérie est intéressée par les crédits carbones, un mode de financement qui serait d'une utilité certaine pour la réalisation de projets ayant un important impact en termes de protection de l'environnement en général et en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre en particulier. D'après les estimations de gaz torchés produites pour soixante pays et territoires, le torchage du gaz dans le monde est resté globalement stable, entre 150 et 170 milliards de mètres cubes, pendant les douze dernières années. Les pays producteurs de pétrole et les compagnies pétrolières ont brûlé en 2006 quelque 170 milliards de mètres cubes de gaz naturel (soit près de cinq trillions de pieds). Ceci représente 27% de la consommation totale de gaz naturel des Etats-Unis d'Amérique et 5,5% de la production mondiale pour cette même année. Si ce gaz avait été vendu aux Etats-Unis d'Amérique au lieu d'être torché, sa valeur totale sur ce marché aurait été de l'ordre de quarante milliards de dollars. Son torchage a par ailleurs provoqué l'émission d'environ 400 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2). “Le torchage du gaz est néfaste pour l'environnement car il contribue au réchauffement planétaire et c'est, en outre, un gigantesque gaspillage d'une source d'énergie plus propre qui pourrait être utilisée pour produire l'électricité dont les pays pauvres ont tant besoin,” a déclaré Bent Svensson, directeur du partenariat GGFR de la Banque mondiale. “Les quelque quarante milliards de mètres cubes de gaz qui sont brûlés rien qu'en Afrique chaque année permettraient de produire la moitié de l'électricité dont ce continent a besoin.” Le brûlage du gaz ou torchage est une pratique courante d'évacuation du gaz naturel libéré au cours de l'extraction pétrolière ; on y a souvent recours dans les zones éloignées des utilisateurs potentiels et où les infrastructures qui permettraient d'exploiter ce gaz sont inexistantes sur site. Au cours des dernières années, les efforts ont été intensifiés pour éliminer cette pratique, par exemple en réinjectant le gaz dans le sol pour stimuler la production pétrolière, ou en le transformant en gaz naturel liquéfié qui est acheminé vers les marchés par méthanier puis gazoduc, ou utilisé sur place pour produire de l'électricité. Comme cette étude est la première fondée sur des observations satellitaires, les chercheurs appellent à la prudence par rapport à ces données préliminaires. En effet, plusieurs causes d'erreurs et d'incertitude se posent encore, en particulier les différences d'efficacité du torchage, les erreurs d'identification, la discontinuité des échantillonnages et les effets environnementaux. Meziane Rabhi