Sarkozy et son homme africain qui a raté son entrée dans l'histoire irritent sur le continent noir. Une faute politique, selon des intellectuels et hommes politiques continuant de réagir sur la théorie de Nicolas Sarkozy sur l'homme africain, que le président français a jugé étranger à l'idée de progrès, lors d'un discours fin juillet, à Dakar, lors de sa première visite ès qualités en Afrique sub-saharienne. “Se peut-il qu'il n'ait pas compris à quel point nous nous sommes sentis insultés ?” relance l'écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop, figure de l'Afrique francophone contemporaine qui estime que le président français ne tardera pas à s'en rendre compte. Les Africains et les nègres de la diaspora ne le lui pardonneront jamais, souligne-t-il. Dakar n'avait pas manqué de dénoncer une insulte, faisant écho aux réprobations de nombreux étudiants venus écouter le chef de l'Etat français. L'ancien président malien Alpha Oumar Konaré, aujourd'hui président de la commission de l'Union africaine, avait déploré des propos d'un passé révolu. Et de nombreux responsables africains de regretter des stéréotypes colonialistes. “Par on ne sait quel pouvoir, il s'autorise à parler de l'Afrique et des Africains à la manière du maître qui a pris la mauvaise habitude de maltraiter son esclave”, écrit le Camerounais Achille Mbembé, professeur à l'université sud-africaine Witwatersrand, dans une lettre ouverte au président français. Pour des analystes, ce discours au parfum de racisme fait forcément baisser la cote du président français auprès de l'opinion africaine où elle est déjà au plus bas avec sa politique répressive en matière d'immigration clandestine. L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, engagé dans un combat judiciaire à propos de l'affaire Clearstream, s'est dit blessé par les propos de Sarkozy sur les Africains. “Veillons à ne pas adresser des contre-signaux à partir d'interprétations qui sont éminemment discutables”, a-t-il déclaré sur Europe 1. L'ancien ministre socialiste des Affaires étrangères, Hubert Védrine, qui a remis à Nicolas Sarkozy le rapport sur la mondialisation qu'il lui avait confié en juillet, affirme que ce serait un contre-sens d'abandonner la politique étrangère française. La France aurait bien tort d'abandonner sa politique africaine et elle doit garder la politique arabe, tout en la modernisant. D. B.