Sonatro, qui emploie plus de 2 200 travailleurs, est paralysée depuis plus de trois jours. D'importants chantiers sont à l'arrêt comme le projet de dédoublement de la RN24 au niveau de Corso. Des engins qui devaient être envoyés à Béchar et dans d'autres régions du sud du pays sont immobilisés. Des carrières d'agrégats à l'arrêt et des travailleurs qui demandent la démission du directeur général de l'entreprise. Le débrayage observé par les travailleurs de plusieurs unités de Sonatro depuis plus de trois jours s'est durci, hier, avec l'arrivée de dizaines d'autres de leurs collègues relevant des unités établies dans d'autres wilayas du pays. Les protestataires, évalués à des centaines, sont passés lundi à la vitesse supérieure puisque ils exigent désormais “la démission du directeur général de l'entreprise et la satisfaction de leur plate-forme de revendications de 13 points”. Ils reprochent également au directeur général “de gérer mal leur entreprise et de s'immiscer dans les affaires syndicales en s'obstinant à mettre en place un syndicat maison qui travaille sous sa coupe, délaissant sa mission principale”, affirme un syndicaliste. Un autre travailleur de l'unité de Blida parle de trois carrières à l'arrêt alors qu'un autre gréviste de l'UGCIE de Chlef affirme que cette unité est immobilisée à cause de problèmes de gestion. Des travailleurs de l'unité de transport accusent les responsables “de ne s'intéresser qu'à la réparation des véhicules légers au détriment des engins de chantiers”. Ceux de l'unité de Tizi Ouzou reprochent aux dirigeants de l'entreprise “de ne pas avoir soumissionnné sur au moins 20 projets enregistrés au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou bien que le plan de charges de l'entreprise n'est pas reluisant”. Les grévistes s'en prendront, eux, à deux syndicalistes exclus par les instances de l'UGTA, les accusant d'agir contre les intérêts des travailleurs et de l'entreprise, et de marcher avec le DG pour bénéficier d'autres promotions encore. “Où sont passés les travailleurs qui soutiennent ces deux personnes rayées des rangs de l'UGTA ?” s'interrogent les grévistes qui apportent leur soutien à Brahim Bouzina et à ses camarades qu'ils considèrent être les seuls représentants légitimes et reconnus par la loi, précisent-ils. Certains d'entre eux pointent un doigt accusateur en direction de leur DG, coupable à leurs yeux “de faire passer son intérêt personnel avant celui de l'entreprise” et affirment ne pas comprendre l'attitude du directeur qui, selon eux, refuse de dialoguer avec un syndicat reconnu par la Centrale UGTA alors que l'entreprise est paralysée depuis une semaine. De son côté, Salah Djenouhat, chargé de l'organique à l'UGTA, dans une lettre datée du 15 juillet 2007 adressée au président de la SGP Sintra, fustige le directeur général de Sonatro, lui reprochant de “s'ingérer dans le travail syndical tout en fermant l'œil sur certains agissements contraires à la réglementation”, dont seraient victimes les membres du bureau syndical de l'entreprise qui auraient fait également l'objet “d'intimidations et de pressions administratives”, précise le document du n°2 de l'UGTA qui rejette, par ailleurs, toute idée de parler avec d'autres syndicalistes autres que M. Bouzina et ses camarades suivant le P-V de la Centrale daté du 1er juillet 2007. La Fédération du bâtiment et travaux publics, dans une autre lettre en notre possession, appuie M. Bouzina. Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA, n'est pas du reste puisque dans une lettre datée du 4 septembre 2007, il demande au P-DG de Sonatro de régulariser la situation salariale de Bouzina Brahim. Mais le DG, M. Ghezali, qui nous a reçu dans son bureau en présence de nombreux cadres, affirme qu' “il s'agit d'un conflit syndico-syndical qui a pris l'entreprise en otage et qui ne peut trouver sa solution que dans une opération de renouvellement du syndicat”. Sur la plate-forme de revendications, M. Ghezali affirme que les problèmes évoqués sont utilisés pour mobiliser les travailleurs. Au sujet du P-V signé par Djenouhat, le DG affirme que ce document a été remis par l'autre groupe à la justice et nous attendons que cette instance se prononce pour voir avec qui discuter. Le premier responsable avoue que plusieurs chantiers sont à l'arrêt à cause de cette protestation et qu'une solution doit être trouvée au plus vite avant que la situation ne se détériore, compromettant ainsi le devenir de plus de 2 200 travailleurs. M. Remiri, directeur de l'unité de Bab Ezzaouar de Sonatro, est catégorique. “L'unité qui emploie 500 travailleurs risque de fermer si la situation perdure”, affirme ce responsable avouant que des chantiers sont à l'arrêt comme l'important projet de dédoublement de la voie de la RN24 au niveau de Corso alors que d'autres chantiers sont perturbés même si tous les travailleurs n'ont pas pris part à cette protestation. Le directeur central de Sonatro a, quant à lui, indiqué que ce conflit porte préjudice à l'entreprise et des camions qui doivent aller à Béchar sont immobilisés à cause de ce mouvement de grève. Pour M. Ghezali, “la seule solution est de refaire les élections syndicales”. Jusqu'à lundi, la situation demeurait très confuse au siège de l'entreprise et selon des syndicalistes qui ont accroché des banderoles à l'entrée du siège de Sonatro, des centaines d'autres travailleurs sont attendus aujourd'hui pour soutenir les autres grévistes. M. T.