Le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, a appelé aujourd'hui à une pression internationale sur le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat, pour le forcer à accepter un nouveau gouvernement palestinien sous la direction de Mahmoud Abbas (Abou Mazen). “J'espère qu'il y a aura une pression des Etats-Unis et de l'Europe (sur Yasser Arafat) pour que les Palestiniens se dotent d'une nouvelle direction qui s'éloignerait de la voie de la violence”, a déclaré le ministre à la radio. “En posant des obstacles à la formation d'un cabinet (palestinien), Arafat prouve une fois de plus son refus du changement”, a ajouté le ministre. Contrairement à Arafat, Abou Mazen, Premier ministre désigné, est considéré par Israël comme un interlocuteur valable, compte tenu de ses positions en faveur d'un arrêt des violences. Mais ce modéré est peu populaire au sein de la population palestinienne, selon de récents sondages. Il a menacé dimanche de démissionner, à l'approche de l'expiration mercredi du délai pour former son gouvernement, à la suite d'un conflit avec Yasser Arafat sur le choix du futur ministre de l'Intérieur. M. Arafat refuse de nommer à l'Intérieur — coiffant les services de sécurité et la police — Mohammad Dahlane, ex-chef du service de la Sécurité préventive dans la bande de Gaza, comme le propose Abou Mazen, a ajouté ce responsable. Les Etats-Unis voient d'un bon œil M. Dahlane, un colonel considéré comme un homme à poigne, qui a quitté ses fonctions à la tête de la Sécurité préventive dans la bande de Gaza à la suite d'un conflit avec M. Arafat. Abou Mazen avait quitté de façon ostentatoire samedi soir une réunion avec M. Arafat à Ramallah pour exprimer son mécontentement. La crise n'était pas réglée lundi matin. Or, s'il échoue à former son cabinet d'ici mercredi, M. Arafat devra, selon la loi palestinienne, désigner un candidat de substitution. Abou Mazen s'est prononcé pour une “démilitarisation” de l'Intifada qui permettrait la reprise du dialogue avec Israël en vue d'un règlement politique. Sa nomination comme Premier ministre a obtenu le soutien des Etats-Unis, de la Russie, de l'Union européenne et de l'ONU, qui l'estiment capable de réformer l'Autorité palestinienne en réduisant les pouvoirs d'Arafat. Le président américain George W. Bush s'est engagé à publier la “feuille de route”, plan de paix international prévoyant la création d'un Etat palestinien d'ici à 2005, immédiatement après l'investiture du gouvernement d'Abou Mazen.