A quelques heures de l'expiration du délai légal, hier à minuit, pour la création du gouvernement palestinien, Yasser Arafat a fini par donner son aval pour l'investiture de la formation d'Abou Mazen. Un accord est intervenu hier entre le président de l'Autorité palestinienne et son Premier ministre sur la constitution du gouvernement. Yasser Arafat a fini par accepter les propositions d'Abou Mazen. Le poste de ministre de l'Intérieur sera occupé, comme le souhaitait Mahmoud Abbas, par le colonel Dahlan, malgré la farouche opposition à sa nomination du leader de l'OLP. Abou Mazen est allé jusqu'au bout et a fini par forcer la main à Arafat. Il semblerait que ce dernier ait surtout cédé aux pressions de Washington. “Un officiel du département d'Etat a appelé Yasser Arafat dans la nuit de mardi à mercredi pour lui faire savoir qu'il assumera les conséquences d'un échec de Mahmoud Abbas à former son gouvernement”, a affirmé un responsable américain. Tony Blair s'est également mis de la partie pour forcer la main au chef palestinien. Il a insisté, lors d'un contact téléphonique avec Arafat, sur la nécessité de la formation du gouvernement d'Abou Mazen, qui conditionne la relance des efforts diplomatiques internationaux pour le règlement du conflit israélo-palestinien. Il faut dire que le président de l'Autorité palestinienne n'avait plus les coudées franches dans les négociations portant sur la mise en place d'un gouvernement. Les pressions étaient si fortes qu'il lui était impossible de résister. Il savait qu'un refus de sa part aurait plongé la cause palestinienne dans une crise sans précédent. En effet, Washington et Londres ont clairement laissé entendre que le processus de paix sera irrémédiablement bloqué. L'Egypte s'est, elle aussi, mise de la partie pour forcer la main à Arafat en déléguant le chef de ses services de renseignements, Omar Souleimane. En acceptant la composition du gouvernement d'Abou Mazen, Yasser Arafat prend un sérieux risque. Selon les analystes du conflit du Moyen-Orient, le président palestinien n'aura plus de pouvoir réel. Il n'est pas à écarter qu'il soit isolé. D'ailleurs, c'est ce qu'il craignait le plus en raison des différends l'opposant au colonel Dahlan, appelé à occuper les fonctions de ministre de l'Intérieur dans le prochain gouvernement. Une chose est sûre, Yasser Arafat ne baissera pas les bras. Mais il aura du mal à se faire entendre à l'avenir, surtout que Abou Mazen entend mener des négociations avec Sharon sur la création de l'Etat palestinien, desquelles il sera inévitablement exclu, car les Israéliens ne veulent pas avoir de contact avec lui. Les crises entre les deux hommes seront sans aucun doute nombreuses, et c'est la cause palestinienne qui s'en ressentira. K. A.