Le problème des enseignants de tamazight (promotion de 1995) — à l'instar de leurs collègues vacataires des autres disciplines — revient sur le tapis. Une régularité qui n'a d'égale que le manque de volonté à lui trouver une solution définitive qui préserve les intérêts des deux parties en conflit. En plein terrorisme, ces hommes et ces femmes ont accepté de braver le danger pour rejoindre des écoles abandonnées par les enseignants titulaires. Une dizaine d'années plus tard, ils sont remerciés au nom d'un texte élaboré par des fonctionnaires qui ont oublié leur propre trajectoire professionnelle, identique à bien des égards à celle de ces vacataires. Rappel historique : en 1962, l'urgence de la situation avait poussé les décideurs politiques à mettre en place les corps des moniteurs et des instructeurs. Parallèlement à leur travail en classe, ces enseignants-pionniers avaient bénéficié d'un plan de formation continue étalé sur plusieurs années et ponctué d'examens professionnels (B.S.C.1, B.S.C.2 et C.A.P.). Cette stratégie de la formation sur site en vigueur dans les années 60 et 70 les a hissés au rang d'instituteurs, niveau exigé à l'époque pour enseigner dans le primaire. De nos jours et grâce à la promotion interne, certains d'entre eux occupent des postes supérieurs dans le secteur. Entre-temps, durant les années 1980, il y a eu les fameux “chantiers culturels” (1995-2002). Si l'argument avancé — celui du niveau de qualification académique (bac+3 ) — ne souffre d'aucune remise en cause, il n'en demeure pas moins que le recrutement de ces enseignants s'était effectué dans des conditions exceptionnelles. Les sept années d'expérience (1995-2002) et la dizaine de stages de perfectionnement sont autant de points de bonification dans la pratique de leur métier. Ce serait aller à l'encontre de l'éthique professionnelle et du bon sens pédagogique que de ne pas en tenir compte. Bien entendu, si des carences sont constatées chez ces enseignants vacataires, il y a lieu de mettre fin à leur carrière d'éducateur. Or, tel n'est pas le cas. Bien au contraire ! La satisfaction de leur tutelle est confirmée par leur maintien dans les postes qu'ils occupaient depuis le début de la décennie sanglante. Jusqu'à la fameuse —mais légitime — décision de relever le niveau de qualification académique. Concernant les enseignants de tamazight —une vingtaine au total —, le MEN a décidé de les aligner sur le grade des ouvriers professionnels (O.P.) au même titre que les cuisiniers ou les plombiers. Sans minimiser la noblesse de leur métier, le corps des O.P. n'a rien à voir avec la gestion pédagogique d'un établissement scolaire. Le bon sens voudrait que ces enseignants vacataires soient alignés en tant qu'instructeurs ou instituteurs. A charge pour l'Etat de leur dégager un plan de formation approprié en phase avec l'urgence de la situation et de manière à ne point léser quiconque. Des solutions existent. Elles passent par les circuits de formation académique officiels —le CNEG et l'UFC dans un premier temps — et la formation purement pédagogique sur le terrain. Les enseignants de tamazight — vu la nouveauté de cet enseignement —méritent au même titre que leurs collègues des autres disciplines un statut transitoire doublé de mesures d'accompagnement à même de les hisser au niveau des exigences de la Fonction publique. Il y a lieu de savoir que les pays occidentaux, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, ont appliqué ces mesures d'urgence et transitoires pour accompagner la généralisation de l'enseignement scolaire (primaire). C'est en Amérique que naquit le concept de moniteur. Il s'agit d'un élève de très bon niveau qui assiste son instituteur pour encadrer les petites classes. Ce qui est loin d'être le cas de nos enseignants vacataires. Certains sont titulaires de licence, voire de magistère, et d'autres possèdent le niveau secondaire. En tout état de cause, le calvaire de ces enseignants n'a que trop duré. La solution existe bel et bien : le statut transitoire et les mesures d'accompagnement. Il suffit d'une volonté politique pour régler définitivement cette situation d'exception. Et à ce niveau, cela ne coûtera rien sur le plan pédagogique et pourra rapporter gros sur les plans social et... humain. A. T. JOURNEE DE PROTESTATION A L'UNIVERSITE DE TIZI OUZOU Le Snapap paralyse l'administration A l'appel du Snapap, l'ensemble des services administratifs des neuf facultés relevant de l'université Mouloud-Mammeri étaient paralysés hier. Dans la matinée, les travailleurs ont observé un imposant sit-in devant la tour du rectorat pour exiger la satisfaction d'une plate-forme de revendications socioprofessionnelles. Il s'agit notamment de l'augmentation des salaires, d'un quota de logements ainsi que l'application de la circulaire n°2 du 22 avril 2002 relative à la gestion des œuvres sociales. Les syndicalistes affirment qu'après 28 jours de grève, “seuls les points relatifs aux postes budgétaires pour le recrutement des agents vacataires et la promotion au choix sont prévus. Les autres revendications n'ont pas connu de suite, malgré les engagements du secteur”. Un délai d'une semaine a été accordé aux responsables à partir d'hier pour la mise en application des doléances des travailleurs, faute de quoi, menace du Snapap, d'autres actions seront entreprises. A. T.