Le marché national constituera un gisement de 11 millions de touristes en 2025 face à un tourisme mondial qui pèse aujourd'hui 800 milliards de dollars US. Sortie remarquée hier de Chérif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme qui, lors de son discours inaugural aux assises régionales du pôle touristique d'excellence Nord-Centre n'a pas mâché ses mots pour qualifier la réalité actuelle. Il en ressort en substance que le tourisme en Algérie n'en est qu'à ses balbutiements et présente des déficiences criantes. Le ministre ira jusqu'à énumérer pas moins de onze points handicapant le secteur. “Absence de lisibilité des produits du tourisme algérien, mauvaise qualité et une sous-capacité de l'hôtellerie et hébergement, manque de professionnalisme des voyagistes, manque de qualification et de performance des personnels, faible qualité du produit et des prestations, manque de sécurité, faible qualité des transports et manque d'accessibilité, notamment dans le Grand-Sud, faible pénétration des technologies de l'information et de la communication dans le tourisme, banques et services financiers inadaptés, gouvernance et organisation inadaptées au tourisme moderne et déficit du marketing de la destination Algérie”, a-t-il déclaré en nuançant cet état de fait en soutenant que la volonté politique pour booster le secteur est plus présente que jamais. “Le tourisme est désormais une priorité”, dira le ministre pour reprendre le leitmotiv véhiculé par la politique gouvernementale. Cela est loin d'être suivi d'effet sur le terrain, révélant que l'amorce est plutôt difficile et les résistances ne manquent pas. “Ce n'est pas un choix, mais un impératif”, précisera cependant Chérif Rahmani concernant le secteur, étayant ses propos par des chiffres révélateurs tout autant qu'indicateurs pour signifier que c'est là où réside l'alternative. L'Algérie enregistre presque 1 million et demi de touristes entre la France, la Tunisie et l'Arabie Saoudite (environ 160 000 entre hadj et omra). L'Algérie ambitionne d'accueillir, en 2015, 2,5 millions de touristes mais jusque-là la contribution au PIB est à peine de 1%. Pour ce faire, le Schéma directeur d'aménagement touristique fixe des objectifs physiques à moyen terme et s'appuie sur un bisness plan. Il s'agit de nouvelles capacités d'accueil et estime l'investissement (public et privé) à 2,5 milliards de dollars US, qui seront consacrés aux six pôles arrêtés dans le cadre de la nouvelle stratégie, auxquels s'ajouteront 1 milliard de dollars US pour le reste du pays pour rattraper les déficits structurels actuels. “Nous ne pouvons pas faire du tourisme sur l'ensemble du territoire national”, a indiqué le ministre réfutant le concept du “tout-tourisme”, plaidant, toutefois, pour l'équité entre les territoires comme il est longuement soutenu dans le cadre du Schéma national de l'aménagement du territoire. En appelant à une approche transversale, Chérif Rahmani a fait ressortir le rôle des autorités locales plaçant, par ailleurs, le citoyen au cœur de toute politique. “Il faut approcher les attentes des nationaux”, a assuré le ministre, révélant que le marché national représentera en 2025 pas moins de 11 millions de touristes qu'il faut contenter, sans négliger le tourisme international dont il faudra identifier la nouvelle segmentation. “La demande internationale fondée sur l'ancienne mode a disparu”, insistera-t-il appelant, entre autres, à développer un tourisme écologique et surtout à ne pas négliger les marchés lointains. “Il faut travailler plus pour améliorer l'image de l'Algérie et promouvoir cette destination”, martèlera Chérif Rahmani convaincu que les efforts doivent être concentrés pour promouvoir le balnéaire et aller vite vers la réalisation des villages touristiques. Pour cela, une feuille de route est avancée et la date est fixée pour 2008. Il est question là de projets prioritaires en guise de levier de l'amorçage touristique qui appelle à cet effet à l'impératif de l'assainissement du foncier touristique. Il annoncera à ce propos qu'il y aura un élargissement des Zones d'expansion touristique (ZET) comme il a fait part de l'installation de plusieurs groupes de réflexion et commission pour définir un Plan de qualité du tourisme en Algérie (PQTA) ou encore pour identifier la nouvelle tendance des métiers du tourisme adaptables à la demande du marché. Il est prévu aussi de signer des contrats de performance avec les hôteliers pour l'obtention d'un label. Nabila Saïdoun