Le président Bouteflika a prononcé, hier à Alger, un toast à l'occasion du déjeuner offert en l'honneur du président de la République fédérale d'Allemagne, M. Horst Kohler, dans lequel il a évoqué la croissance de l'économie nationale, le programme de relance et la nécessité pour les entreprises étrangères de s'impliquer dans ce processus de redressement économique. “Ce programme ambitieux est d'une telle ampleur que nos capacités de réalisation sont, de toute évidence, insuffisantes. C'est pourquoi nous invitons les entreprises étrangères à prendre part à cette œuvre exaltante. À ce titre, les entreprises de la République fédérale d'Allemagne, dont les performances et le savoir-faire sont notoirement connus et appréciés, pourraient efficacement y apporter leur précieuse contribution” a affirmé le chef de l'Etat. “Je suis confiant que la rencontre prévue, au cours de votre séjour, entre opérateurs allemands et algériens saura dégager de nouvelles perspectives à notre partenariat, et trouver les moyens de mettre en valeur le potentiel de coopération bilatérale qui est loin d'avoir épuisé toutes ses ressources”, a souligné le président de la République. Sur le plan de la coopération sécuritaire, le président Bouteflika a indiqué que “la lutte contre le terrorisme illustre bien la nécessité de généraliser les approches fondées sur l'intensification de la coopération internationale pour lutter efficacement contre ce phénomène transnational et transfrontalier”. Et d'ajouter : “Faut-il se garder des schémas réducteurs et des amalgames qui assimilent à ce phénomène des civilisations, des cultures et des religions en accréditant l'idée d'un choc des civilisations qui n'est, en fait, rien moins qu'un choc des ignorances.” Dans la matinée d'hier au Palais des nations du Club-des-Pins, les présidents allemand Horst Köhler et algérien Abdelaziz Bouteflika ont officié la séance d'ouverture des travaux du 9e Forum pour le partenariat avec l'Afrique. L'invité de l'Algérie s'est adressé à l'assistance, composée essentiellement de représentants des pays africains membres du Nepad, au nom de l'Union européenne et aussi de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). “La mondialisation veut dire interdépendance de la communauté internationale. Cela veut dire, également pour moi, la chance de trouver ensemble des solutions au bénéfice de tous.” C'est en ces termes que le président allemand a entamé son discours en incitant frontalement les pays industrialisés à remodeler leur perception politique, économique et socioculturelle avec les Etats du continent noir. Il a affirmé que les problèmes de l'Afrique ont certes pour origine une mauvaise gouvernance, la non-exploitation des compétences nationales et la misère, mais qu'elle mérite d'être mieux considérée dans ses relations avec les pays riches. Si le continent noir s'engage à lever ces contraintes dans le cadre du Nepad, les pays industrialisés sont tenus par une certaine obligation, au regard du président allemand, de réunir des conditions commerciales équitables pour les pays africains (par la suppression des droits de douanes sur les produits transformés, à titre d'exemple) et de prendre en compte leurs offres de partenariat. Pour sa part, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a reconnu que les réformes multiples, entreprises par plusieurs pays africains dont l'Algérie, restent insuffisantes ne serait-ce que parce que la pauvreté n'a pas reculé. Il a soutenu que “l'Afrique sera très probablement le seul continent à ne pas atteindre les objectifs du millénaire à horizon 2015”. Optimiste, le chef de l'Etat a assuré qu'il est “encore temps d'agir, d'agir vite et d'agir ensemble”, pour peu que les pays industrialisés lui consentent l'aide nécessaire. Il a affirmé que “la réussite du processus de développement est tributaire de l'amélioration et de l'ancrage durable des règles et normes de bonne gouvernance dans tous les domaines d'activité”. Il a précisé que les efforts de l'Algérie, et par la même de l'Afrique, vont justement vers “la transparence dans la gestion des finances publiques, la création d'un environnement institutionnel favorable au développement des investissements nationaux et étrangers et également la lutte contre la corruption”. Dès la séance d'ouverture du 9e Forum pour un partenariat avec l'Afrique achevé, les deux chefs de l'Etat ont quitté le Palais des nations. Le président allemand, en visite d'Etat de quatre jours à Alger à compter de dimanche soir, doit honorer des entretiens avec de hauts responsables de l'Etat pour approfondir les discussions autour de la coopération bilatérale, notamment dans le domaine militaire et énergétique. Dans ce sillage, l'hôte de l'Algérie présidera, au cours de son séjour, une conférence internationale sur la “sécurité énergétique et changement climatique : challenges de l'Allemagne et de l'Algérie”. Souhila H.