C'est devant une salle pleine à craquer, signe que le procès de la “désormais” affaire de l'ex-patron des renseignements généraux s'est ouvert, hier, au tribunal de Annaba. Le procureur général a requis hier en début de soirée à l'issue des auditions sept ans de prison ferme contre l'ex-directeur des RG de Annaba et de son adjoint Abboud Boukhenfouf et 3 ans de réclusion contre Saâd Attia. Il a demandé la révision de la procédure concernant le cas de Beldi Rabie, ex-enquêteur des renseignements généraux. Principal accusé dans ce qu'il a toujours qualifié de “machination”, le commissaire principal de la police et ex-directeur des RG de Annaba, Samir Mohamed Benmahammed, ainsi que trois de ses proches collaborateurs, Abboud Boukhenfouf dit Wahib, Attia Saâd et Beldi Rabie. Ces derniers devaient répondre à plusieurs chefs d'accusation à savoir corruption, trafic d'influence, menace sur autrui et enrichissement illicite. Mais ce qui semblait, le plus, retenir l'attention de l'assistance était la nouvelle de l'arrestation du journaliste Boukrâa Noureddine, confère du quotidien arabophone Ennahar, à la suite de la publication, lundi dernier, d'un article relatif à l'affaire dans laquelle Mohamed Samir Benmahammed est, “indirectement”, opposé aux responsables de la sûreté de wilaya de Annaba. À cet effet, et après lecture des chefs d'inculpation, la juge a entamé l'audition du premier prévenu, S. M. Benmahammed, concernant les délits qui lui sont, directement, reprochés ; les plus évidents sont ceux relatifs à l'accusation de menace sur autrui et abus de pouvoir, l'enrichissement illicite, ainsi que l'affaire dudit “la baleine”. Dans cette dernière, Samir Benmahammed est accusé d'avoir abusé de son autorité en tant que cadre de la sûreté. Il s'adressera à la cour, en étalant des faits contraires, en expliquant que ses services ont arrêté un individu, originaire de la wilaya d'Oran, en sa possession un faux permis de conduire. Mais il s'avéra, après investigation des services des renseignements généraux, que l'individu en question, faisait déjà l'objet d'un mandat d'arrêt depuis dix ans. Il sera pourtant, selon les affirmations de S. M. Benmahammed, relâché après 5 jours seulement de détention. Au chef d'accusation de menace sur autrui, sur la personne d'un juge A. B., en l'occurrence, l'accusé relate dans les moindres détails les faits, dont la genèse s'est déroulée dans un lieu appelée Mesk Ellil, où le juge en question, qui se trouve être un ami proche de Beldi Rabie, était dans un état d'ébriété avancée. Aussi, pour l'accusé, il ne s'agissait en aucun cas d'une menace, mais d'un simple conseil à un collègue de travail qui devait transmettre un message au juge, lequel devait impérativement changer de fréquentation. Pour ce qui est de l'accusation d'enrichissement illicite, l'ex-patron des RG de Annaba lancera à la juge que les chèques qu'il était supposé avoir perçus de la part d'un opérateur économique et signé, étaient falsifiés et pour preuve, une erreur dans le nom de l'accusé, ce qui prouve, selon lui, que c'est une tierce personne qui a imité sa signature. Si la première journée du procès, où l'on a vu passer des témoins de la défense, mais aussi des témoins à charge, était sans grande surprise, la seconde promet d'être riche en rebondissements, notamment, en ce qui concerne l'affaire du transport de fonds dans laquelle seraient impliqués, selon les déclarations du principal accusé, des officiers de la sûreté de wilaya de Annaba. En effet, il s'agit d'une opération de transport de fonds au profit d'un opérateur économique privé. À cet effet, nous avons réussi à nous procurer un document, lequel fait état de cette opération transmise en date du 6 mai 2006, à la direction générale des renseignements généraux. Ledit document, un fax-similé numéro 18/SN/SWRG/CH, rédigé par Mohamed Sami Benmahammed révèle que “… les services des renseignements généraux ont enregistré l'utilisation des moyens roulants de la sûreté de wilaya sans autorisation à des fins personnelles… Dans la matinée du 30 avril 2006, entre 9h et 10h30, de hauts responsables de la sûreté de Annaba ont procédé à l'escorte du véhicule type Mercedes immatriculé 00379 102 23, appartenant à un opérateur économique et transportant une somme d'argent importante depuis le crédit populaire national d'Algérie sis au Cours de la révolution. Le cortège était composé de trois véhicules, à savoir deux Mercedes et un véhicule Nissan appartenant à la sûreté de wilaya de Annaba…” Accompagné de rapports, des photos et un CD mettant en scène l'opération dans ses moindres détails. Lynda Nacer