Vladimir Poutine a souhaité que les élections législatives du 2 décembre lui confèrent le droit moral de peser sur la politique russe après la fin de son mandat, en mai. Le chef de l'Etat russe, auquel la Constitution interdit de briguer un troisième mandat consécutif, a accepté de prendre la tête de la liste de Russie unie, principal parti de la majorité, auquel les sondages promettent une victoire écrasante. Si les gens votent Russie unie, cela signifiera qu'une majorité de citoyens me fait confiance, a-t-il déclaré à des ouvriers au cours d'une visite à Krasnoïarsk, en Sibérie, ajoutant que cela signifiera également que j'aurai moralement le droit de demander aux gens qui travailleront à la Douma et au gouvernement comment ils vont appliquer les décisions que nous prenons aujourd'hui. Tout est dit. Poutine, qui a refusé de réformer la loi fondamentale pour assurer son maintien au Kremlin, en dépit d'une popularité inégalée, va, en revanche, conserver l'influence nécessaire à la poursuite de sa politique. Il compte peser à partir de la Douma. Mais il devra dans ce cas être certain de celui qui le remplacera en mars prochain. Et ce ne sera pas facile partant de l'hégémonie du Kremlin sur le système politique russe. Reste que Russie unie a tout misé sur la popularité du Président et présente le scrutin comme un véritable référendum pour ou contre Poutine, mais la formation n'a pas dissipé les doutes d'une opinion qui la soupçonne d'attirer nombre d'opportunistes. Interrogé par un ouvrier au sujet de Russie unie, Poutine a estimé qu'il ne s'agissait évidemment pas du vecteur idéal mais, quoi qu'il en soit, il est proche des autorités. Pourquoi a-t-il décidé de prendre la tête de la liste du parti ? “Simplement parce qu'il n'y pas mieux à faire”, a-t-il répondu. Poutine a fait savoir qu'il serait prêt à prendre les fonctions de Premier ministre, mais beaucoup d'observateurs jugent cette hypothèse peu probable, en raison des pouvoirs limités réservés au chef du gouvernement. La presse russe évoque quant à elle son passage à la tête du Conseil de sécurité du Kremlin où l'imagine en tant que dirigeant national sans titre officiel. D. B.