Le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, n'a pas fait dans la dentelle pour vilipender les responsables de ce qu'il qualifie de gestion catastrophique des infrastructures hydrauliques. Le temps des coups bas, de la complaisance et de la médiocrité est révolu, a-t-il asséné, en s'adressant aux chefs des 59 barrages opérationnels sur le territoire national, réunis pour la première fois depuis l'Indépendance au siège du ministère de tutelle. Si les critiques les plus violentes étaient dirigées implicitement contre le directeur général de l'ANB (Agence nationale des barrages), limogé récemment de son poste, les chefs d'exploitation des barrages n'étaient pas particulièrement épargnés. Ils sont coupables, de l'avis du ministre, d'un laxisme flagrant dans l'entretien et management des structures à leur charge. Abdelmalek Sellal a beaucoup insisté sur la discipline de gestion des infrastructures, en promettant de mettre fin à l'anarchie. “Il est primordial d'assurer une meilleure prise en charge de ces structures qui ont nécessité des investissements très lourds”. Il a indiqué, comme premières mesures à même de remédier à la situation, la désignation d'un inspecteur général qui supervisera régulièrement, à partir du début de l'année 2008, la gestion des barrages. D'autant que cette tâche sera désormais décentralisée. Il a parlé aussi de la revalorisation du statut des gestionnaires qui abandonneront la qualité de chefs d'exploitation au profit de celle plus prestigieuse de directeur. Un budget de fonctionnement sera accordé à chacune de ces directions, en sus d'une plus grande autonomie dans la prise de décisions. “Nous vous donnerons les moyens financiers et matériels et des prérogatives. Vous n'aurez alors plus aucun prétexte pour mal faire”, a averti le ministre des Ressources en eau. Le chef d'exploitation d'un barrage a attiré l'attention sur la faiblesse de qualification du personnel, qui opère sur un équipement sophistiqué. Un représentant de la direction nationale des forêts a rapporté que 98 bassins versants couvrent actuellement quelque 18 millions d'hectares. 7 millions d'hectares exigent une intervention urgente. “Actuellement, 3 millions d'hectares ont été traités, mais de manière non coordonnée”. Le taux de reboisement aux abords des barrages s'avère, au demeurant, insuffisant pour lutter efficacement contre les risques d'envasement. Comme attendu, le cas du barrage de Béni Haroun, qui a inspiré dernièrement de nombreux écrits de presse, a été exposé. Son chef d'exploitation a récusé les allégations mettant en cause la solidité de l'ouvrage, le plus grand jamais réalisé en Algérie. Quelques anomalies ont été effectivement constatées, a-t-il reconnu sans les mettre, néanmoins, au niveau de problèmes préoccupants. Le taux de remplissage de ce barrage est, à ce jour, de 450 millions de m3. Le challenge est de le relever progressivement à 600 puis à 960 millions de m3, a promis le ministre. Souhila H.