Sept morts et huit blessés, tel est le macabre bilan établi hier par les services de la Protection civile de Annaba suite à l'explosion survenue au centre-ville. Il était 5h45 quand une forte explosion a secoué la place d'Armes, quartier de la vieille ville, exactement au niveau de l'immeuble n°8 de la rue des Frères-Djaâtout (ex-rue d'Alger). Selon les premières informations recueillies sur place, l'explosion serait due à une fuite de gaz et plusieurs familles ont été touchées. La Protection civile indique, concernant les morts, dans son bilan qu'il s'agit de 3 enfants, dont un garçon de 3 ans, un homme et deux femmes. Parmi ces dernières, une était enceinte de 7 mois. À notre arrivée sur les lieux du sinistre moins d'une heure après la déflagration, qui a été entendue jusqu'aux quartiers les plus éloignés de la ville, il y avait un grand attroupement du côté de ce quartier populeux connu pour être une réplique réduite de La Casbah d'Alger. Des badauds mais surtout des voisins accourus pour proposer leur aide aux sinistrés. Les secours n'ont pas tardé à arriver sur les lieux, mais tout le monde aura remarqué l'absence des autorités locales. Il a fallu attendre jusqu'à 9 heures, soit plus de 3 heures après, pour voir “émerger” les officiels, à leur tête le wali. Entre-temps, la grogne montait parmi la foule et un des citoyens n'a pas manqué de dire : “C'est honteux ! Paris a vécu hier un drame similaire et les officiels étaient sur les lieux dans les 5 minutes qui ont suivi.” D'ailleurs, la venue des officiels avec leur “suite” n'a fait que retarder les secours comme l'a si bien noté une vieille dame. Eplorée, cette quinquagénaire n'arrêtait pas de crier à l'adresse du wali : “Pourquoi vous venez qu'aujourd'hui ? Laissez-nous à notre misère et laissez les pompiers faire leur travail !” Une demi-heure plus tard environ, les officiels quittaient les lieux dans la précipitation tant ils étaient harcelés par les “survivants” voisins des victimes. On sentait même que l'on se dirigeait droit vers une émeute au sein des riverains. Ces derniers ne cessaient de crier, en effet, qu'ils allaient être tôt ou tard les prochaines victimes et en insistant pour montrer au wali leurs misérables demeures. “On dirait qu'il est en train de découvrir aujourd'hui Annaba !” s'exclamera l'un d'entre eux avant qu'un jeune ne renchérisse : “On va encore nous baratiner avec quelques mots pour nous oublier tout de suite après.” Une voisine hors d'elle et désemparée devant l'ampleur du drame s'en est prise vertement à toute personne représentant l'Etat : “Vous venez parce que c'est le vote. Inal bouha al vote, li radjal wala amra mayrouhche ivoti !” Ce qui a fait applaudir les gens autour. Concernant les circonstances de l'explosion, les spéculations vont bon train sur les causes réelles. Certains affirment que la fuite de gaz n'est pas la seule raison, mais qu'il s'agirait plus de la vétusté du bâti, ce qui n'est un secret pour personne. D'ailleurs tout Annaba, et surtout la vieille ville, vit avec la peur au ventre à chaque hiver. Cette fois-ci, il ne s'est pas agi d'un affaissement comme cela a été le cas ces dernières années, mais d'une véritable catastrophe. Les Annabis en redoutent d'autres surtout devant l'indifférence affichée des autorités à l'égard du dossier de la “Casbah” annabie. Salim KOUDIL