Après les feux de forêts qui ont ravagé des centaines d'hectares de sylves et de broussailles durant l'été, la forêt de Yakourène dite des Beni Ghobri est en train de subir les affres d'un autre phénomène qu'est la coupe illicite du bois de chauffe, laquelle, d'année en année, prend des proportions alarmantes. En effet, à pareille période, cette région est prise d'assaut par des dizaines, sinon des centaines de jeunes affluant même des autres communes à la recherche du gain facile qu'ils se procurent au détriment d'une splendide nature. Armés de tronçonneuses et motivés par le désir d'empocher le maximum d'argent en quelques heures, ces tronçonneurs s'adonnent quotidiennement au massacre de la forêt au vu et au su de tout le monde. En réalité, il ne se passe pas une journée sans que des dizaines d'arbres centenaires, des chêne zen et des chênes liège, soient abattus, débités puis acheminés par troncs entiers sur des tracteurs agricoles vers les lieux de vente. Pour minimiser les dégâts et éviter une destruction massive de la forêt, les gardes forestiers ont multiplié des patrouilles à longueur de journée, mais en vain, puisque malgré leur vigilance, les “commerçants” du bois emploient mille et une ruses pour échapper à leur surveillance, en opérant généralement quelques heures avant la tombée de la nuit pour s'adonner à la coupe du bois, écartant ainsi tout risque d'être pris en flagrant délit, tout en recourant à des astuces qu'ils sont seuls à connaître, à savoir régler leurs machines de sorte à baisser sensiblement le bruit assourdissant de celles-ci pour ne pas attirer l'attention des gardes champêtres. Ce commerce illicite suscite en tout cas de plus en plus la convoitise de jeunes chômeurs à la recherche du moindre créneau, licite ou pas, pour gagner un argent fou lorsqu'on sait qu'une benne de tracteur de bois de chêne (liège ou zen) est cédée entre 5 000 et 7 000 DA. Face à cette destruction, les associations environnementales activant dans la région ont tiré maintes fois la sonnette d'alarme à travers des actions et des correspondances à l'adresse des autorités concernées. Interrogés sur l'ampleur du phénomène et sur les conséquences qui en découlent, des villageois avouent, unanimes, que le problème ne pourra connaître son épilogue qu'avec l'arrivée du gaz naturel, et encore, ce n'est pas évident avec les prix exorbitants de l'électricité et du gaz, butane ou autre. “On n'a pas le choix avec des températures atteignant jusqu'à moins 2 degrés en hiver, on est obligé de se chauffer. Et le bois reste le seul combustible disponible en ces endroits reculés”, a expliqué un septuagénaire habitant un village de la commune de Yakourène. Par ailleurs, interrogé à ce propos, le P/APC nous a déclaré que “le projet d'acheminement du gaz de ville, tant attendu par la population locale, vient de voir le jour sur instruction du président de la République, lorsque ce problème lui a été exposé en plein conseil des ministres. Et dans cette optique, un bureau d'études est déjà sur le terrain”, a ajouté le président de l'APC, assurant que l'arrivée du gaz n'est qu'une question de temps. En attendant le lancement des travaux, l'espace boisé, qui constitue 47 % de la superficie totale de la commune, connaît un rétrécissement progressif déplorable à la faveur d'une déforestation aveugle. Hacène Aouidad