Résumé : Tassadite, la mendiante, ne demande pas grand-chose, juste d'avoir le gîte et le couvert. Warda lui promet plus. L'essentiel est qu'elle accepte de rester. Son beau-père n'apprécie pas que Mehdi ait trouvé une remplaçante. Mehdi ne se laisse pas impressionner… -Ne t'en fais pas mon garçon, je saurais prendre soin d'elle ! - Je ne demande pas plus, répond Mehdi alors que Warda apporte des vêtements propres. - il y a de l'eau chaude. Tu vas prendre une bonne douche et te changer, lui dit celle-ci en la précédant à la salle de bains. Si tu as besoin de quoi que ce soit, dis le moi ! Tassadite la remercie du fond du cœur. Lorsqu'elle ressort de la salle de bains, une demi-heure plus tard, c'est une toute autre femme. Propre et bien habillée, elle ne ressemble en rien à la mendiante qui est entrée chez eux, une heure plus tôt. Même Ramdane le remarque. Il n'a pas pu cacher sa surprise. Mais il ne se déride pas pour autant. En acceptant de rester contre sa volonté, elle allait l'avoir derrière le dos. Il profitera de la moindre occasion pour la renvoyer. Mehdi ne sera pas toujours là, pour lui tenir tête. Tassadite ne quitte jamais Maria. Elle est à son chevet, nuit et jour. Warda a enfin l'esprit tranquille. Elle peut aller et venir sans craindre son beau-père. Comme du temps où Zohra travaillait pour eux, il s'est complètement retiré. Il ne reste au salon qu'aux rares fois où elles sont en train de faire le ménage. Warda ne lui fait pas confiance. Elle garde un œil, de loin, sur lui, ne voulant pas qu'il en profite pour l'étouffer. Si, lors des séances de rééducation, il se contentait de les accompagner, depuis l'arrivée de Tassadite il tient à y assister. Les cris de douleur de Maria qui semble retrouver quelques sensations, le mettent dans la gêne. À chaque fois, il s'approche d'elle et lui demande le silence. - Comment peut-elle souffrir en silence ? l'interroge Warda. Si elle a mal, autant qu'elle nous le fasse savoir…en criant, en griffant… - J'ai honte, dit-il. Qu'elle se taise ! - Personne ne te retient ici, intervient Tassadite. Va au café et reviens dans une heure, nous chercher ! - C'est une bonne idée ! J'ignorais qu'une mendiante pouvait en avoir... de l'esprit ! Le temps passe vite. La séance est terminée depuis longtemps quand Ramdane revient les chercher. Warda lui reproche son retard. - Tu sais qu'elle ne peut pas rester assise trop longt - J'étais en bonne compagnie, répond-il. Je n'ai pas vu le temps filer ! Je m'excuse, cela n'arrivera plus ! - Je l'espère bien. De retour à la maison, une fois qu'elles ont mis à l'aise Maria, elles vont prendre un goûter. Les filles sont rentrées de classe et Lila a pris la peine de préparer un gâteau. - C'est gentil, lui dit Warda. Je vais essayer d'en donner un peu à khalti Maria…Il est délicieux. - Merci, répond Lila. As-tu besoin d'aide ? - La vaisselle…Après, va réviser ! Je ne voudrais pas avoir ton échec sur la conscience ! Cela fera plaisir à ta maman si tu réussis ! - Tu crois qu'un jour elle redeviendra comme avant ? - Oui, j'y crois ! - Cela fait des mois qu'elle ne bouge plus ! - Mais elle finira par guérir, dit Warda avec certitude. Petit à petit…Et plus tôt que tu ne le penses ! Un peu comme pour lui donner raison et redonner espoir à sa famille, ce soir-là, alors qu'elle est endormie, Warda et Tassadite l'entendent se plaindre du mal de ces jambes. Si elles ne l'avaient pas entendue, elles auraient cru l'avoir imaginé. Warda réveille sa belle-mère et elle lui demande. - Où as-tu mal ? - Mes jambes et mon dos…J'y ai très mal… Warda court réveiller son beau-père et ses belles sœurs. En leur apprenant la nouvelle, elle peut constater que si ses belles-sœurs pleurent de joie et de soulagement, son beau-père est loin d'éprouver les mêmes sentiments… ADILA KATIA (À suivre)