Les cabinets des médecins charlatans fermés La pratique de l'art médical est définie par les textes législatifs, et le médecin est obligé d'exercer la science pour laquelle il a été formé. “Nous avons procédé à la fermeture de certains cabinets médicaux où se pratiquaient la roqia et la hidjama. Le médecin est formé pour exercer la médecine conventionnelle à laquelle il a été formé”, c'est ce qu'a déclaré le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil de l'ordre national des médecins, lors d'un point de presse tenu en marge des travaux du 6e congrès de déontologie qui s'est tenu ce jeudi à l'hôtel El-Aurassi à Alger. Par ailleurs, et dans un autre registre cette fois, le même interlocuteur souhaite un grand débat sur les mesures à prendre en matière de bioéthique. “La médecine moderne permet aujourd'hui de poser des diagnostics précis anténataux (pendant la grossesse). Alors, quelle sera l'attitude du médecin devant un fœtus présentant de graves malformations ou des tares irréversibles et incompatibles avec la vie ? Au jour d'aujourd'hui, l'avortement dans ces cas reste interdit. Il est temps d'engager un grand débat national auquel prendront part les médecins, les hommes de religion et des représentants du mouvement associatif pour légiférer sur le sujet”, ajoute le président du Conseil de l'ordre national. Quant à la pratique de la médecine esthétique, le Dr Bekkat réitère la position du Conseil de l'ordre des médecins qui continue à ne pas la reconnaître. Il tient à préciser : “En cas de problème inhérent à l'usage de produits non inscrits à la nomenclature algérienne des médicaments, comme c'est le cas pour la toxine botulique, le médecin est responsable non seulement sur le plan civil mais aussi pénalement.” Ce que dit à demi-mot le premier responsable du Conseil de l'ordre, c'est qu'en cas de problème lié à l'usage de produits non autorisés en Algérie, les praticiens qui les prodiguent, notamment en médecine esthétique, risquent carrément la prison. Le docteur Bekkat rappelle que l'ordre des médecins ne reconnaît que les spécialités médicales enseignées dans les universités et que les praticiens qui veulent exercer une discipline donnée se doivent de suivre une formation adéquate et non des “stages”. Quant aux chirurgiens généralistes qui pratiquent des interventions gynécologiques en urgence, quand il n'y a pas de gynécologue, le Dr Bekkat insiste sur le fait que si jamais ces chirurgiens venaient à refuser de pratiquer un tel acte dans des conditions particulières, ils seront passibles de poursuites judiciaires pour non-assistance à personne en danger. Il espère que les autorités compétentes réagissent pour mettre un terme à la pénurie de spécialistes dans les établissements hospitaliers de l'intérieur du pays. Pour sa part, le docteur Gaceb Mostefa, porte-parole du Conseil de l'ordre national, tient à réitérer son entière approbation quant à la circulaire du 24 septembre 2007, relative à la gestion des cliniques privées. “Cette circulaire est arrivée à point nommé pour mettre de l'ordre dans l'anarchie qui caractérise l'exercice de la médecine dans les cliniques privées. Nous souhaitons une charte qui définira le rôle de chacun, et justement pour appliquer cette circulaire, il nous semble que le Conseil de l'ordre est habilité à contrôler et à moraliser les activités médicales”, affirme le Dr Gaceb Mostefa. Mais comme il s'agit d'une pratique qui touche à la vie humaine, la médecine est régie par un code de déontologie des plus stricts. Le praticien prend l'engagement solennel d'être au service du malade et de respecter la vie humaine. Justement pour que la pratique de la médecine se fasse dans les règles de l'art, du respect du malade et des textes en vigueur, tous les médecins sont inscrits au tableau de l'ordre national de déontologie. Cet organisme, composé de praticiens élus, veille au grain et rappelle à l'ordre les contrevenants dans un premier temps, avant de prendre des mesures cœrcitives contre les récidivistes. C'est dans ce sens qu'abonde le professeur Djenane en affirmant : “La déontologie permet aux médecins de pratiquer leur art dans le respect de la loi et du serment d'Hippocrate.” Les médecins prennent aujourd'hui toutes les précautions qui s'imposent avant de pratiquer tout acte, car les citoyens devenus exigeants n'hésitent plus à recourir à la justice en cas de problème. Les malades qui méconnaissent souvent les règles régissant la pratique de la médecine considèrent souvent l'échec thérapeutique comme étant une erreur médicale. Or, le médecin est tenu à l'obligation des moyens et non à l'obligation des résultats. Saïd Ibrahim