Sur les 274 pharmaciens du secteur public recensés en 1998, il n'en reste que 2 aujourd'hui. Mortalité maternelle et infantile encore importante, prolifération du sida…, l'état de santé des populations du Grand-Sud est préoccupant. Pour les responsables du ministère de la Santé, une situation sanitaire aussi déliquescente tient à l'absence d'une prise en charge efficiente. Pour cause, en terme de couverture sanitaire, l'on compte un médecin seulement pour plus de 10 000 habitants. Aucune infrastructure de santé ne dispose de praticiens spécialistes. Sur les 274 pharmaciens du secteur public recensés en 1998, il n'en reste que 2 aujourd'hui. Dans leur majorité, les unités de soins sont dépourvues de matériels de pointe. L'hôpital de Ouargla uniquement dispose d'un scanner… Pourquoi tant d'indigence dans un territoire qui regorge de richesses ? Lors d'une confé-rence de presse organisée hier au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Bouakaz, conseiller du ministre chargé du dossier de la santé dans le Grand-Sud, a énuméré les différentes raisons qui encouragent, selon lui, cette précarité. Le nomadisme, l'absence de moyens de communication, mais surtout le très peu d'intérêt suscité par la destination Sud pour la plupart des médecins, constituent aux yeux de l'orateur des handicaps sérieux. “Une distance de 20 kilomètres dans le Sud équivaut à 300 dans le Nord”, a-t-il expliqué. Aussi, pour joindre le centre de santé le plus proche, les malades doivent-ils être pourvus en moyens de transport. Ce qui est rarement le cas. Quand il s'agit d'une pathologie qui exige une exploration profonde ou l'intervention d'un spécialiste, les patients sont souvent obligés de se rendre à Alger. “Une fois dans la capitale, ils doivent se débrouiller seuls pour se loger et se nourrir”, constate M. Bouakaz. Quelles sont les mesures prises pour remédier à cette situation ? Le renforcement des équipes médicales mobiles est l'unique disposition prise pour pallier la pénurie de praticiens. Elle est aussi préconisée comme moyen de prise en charge des populations nomades. Sillonnant de grands espaces en bordure des frontières, les tribus nomades sont très vulnérables, a estimé l'animateur de la conférence de presse. Leur fragilité est accentuée par l'absence d'un contrôle sanitaire rigoureux au niveau des frontières. Plus de 300 km séparent en effet l'Algérie de l'Afrique subsaharienne. Outre l'émigration clandestine, les échanges commerciaux encouragés dans le cadre des foires de troc comme l'Assihar à Tamanrasset et l'existence de centres de regroupement pour réfugiés constituent autant de facteurs aggravants. Ces derniers temps, même les intempéries qui ont affecté le Grand-Sud ont assombri davantage le tableau, en faisant à nouveau planer sur le Sahara le spectre du paludisme. Selon le docteur Dekkar, représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), cette maladie est à 50 km de nos frontières. Encore un souci pour les autorités sanitaires qui ont déjà fort à faire avec le sida. Durant l'année 2002, 40 nouveaux cas ont été enregistrés au niveau national dont 20% à Tamanrasset. S. L.