La généralisation des soins obstétricaux d'urgence doit constituer aujourd'hui, selon le professeur Labane, chef de service de néonatalogie à l'hôpital Mustapha et président de la commission périnatalité au ministère de la Santé, une priorité afin de réduire réellement la mortalité maternelle et infantile qui est encore importante en Algérie. « 53% des décès maternels ont une origine obstétricale, comme le diagnostic tardif, la ligne de conduite inadéquate et le manque de coordination entre les membres de l'équipe médicale », a-t-il déclaré hier au forum d'El Moudjahid. Les estimations données à ce jour ne reflètent pas, selon lui, exactement la réalité. Il a ainsi plaidé pour la création et le renforcement des unités de néonatalogie et de soins intensifs sous l'autorité d'un pédiatre au niveau de toutes les structures de santé, notamment les CHU. « La grossesse est devenue de nos jours précieuse et l'avenir obstétrical des femmes a diminué de dix années. Les couples veulent des enfants sains », a-t-il souligné avant de signaler qu'il n'est plus acceptable que des femmes meurent suite à des hémorragies de délivrance ou une rupture utérine ou bien que des bébés vivent avec des handicaps à vie suite à une asphyxie néonatale. « Des progrès ont été réalisés en matière de prise en charge des nouveaux-nés, au vu de la diminution du taux de mortalité maternelle et infantile. Mais cela reste insuffisant en raison des moyens mis à la disposition des structures », a-t-il signalé. Pour le professeur Labane, il est important d'investir dans la santé maternelle et faire de sorte à éliminer « l'invisibilité » des nouveaux-nés. L'Algérie doit, d'après lui, se préparer pour faire face à la prise en charge des bébés de petit poids dont le nombre augmente d'année en année, surtout avec l'avènement de la procréation médicalement assistée en l'occurrence. Investir dans la formation est tout aussi indispensable, selon l'invité d'El Moudjahid. Le professeur Labane ne manque pas de signaler que 80% de la mortalité infantile sont des nouveaux-nés. Il estime qu'il est temps d'adapter la formation aux réalités de la santé dans le pays. « Nous sommes très en retard par rapport aux autres pays », regrette-t-il en affirmant qu'avec les capacités existantes et une actualisation de la formation, « on pourra réduire la mortalité maternelle et infantile de trois quarts en Algérie ». Le conférencier a, par ailleurs, souligné que la méthode kangourou lancée dans son service a donné des résultats en réduisant le taux de mortalité des nouveaux-nés de petit poids. Selon lui, elle reste la meilleure méthode pour la prise en charge d'un bébé non malade. Le programme national de périnatalité lancé en 2003, qui vise à cibler les populations à risque, à savoir les diabétiques, les hypertendus et les rhésus négatifs, avance à petits pas. Le directeur de l'Unicef Algérie, invité au forum, a de son côté estimé qu'il est important de mettre en place une stratégie de santé et la mise en place d'un audit sur les causes de la mortalité maternelle et infantile.