Il existe bel et bien des cas de décès qui auraient pu être évités. S'exprimant sur le taux très élevé de mortalité infantile et maternelle qui est de l'ordre de 30.000 nouveau-nés et 700 mères qui décèdent chaque année, le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, M.Mourad Redjimi, a qualifié le chiffre d'alarmant sans, toutefois, verser dans la polémique qui s'articule sur «une mauvaise prise en charge du couple mère-enfant au niveau des structures hospitalières». En référence aux déclarations faites par le professeur Lebane Djamil, néonatalogiste et conseiller auprès du ministre, il existe bel et bien des cas de décès qui auraient pu être évités. Tout en acquiesçant sur la vraisemblance de l'idée avancée par son conseiller, le ministre refuse de parler de «négligence», mais il s'agrippait plutôt à la thèse du manque de praticiens spécialistes en Algérie. «Cette insuffisance est préoccupante. Cependant, il est possible de pallier la pénurie de spécialistes en confiant aux sages-femmes et aux médecins généralistes la surveillance des grossesses», a-t-il dit. C'est un autre son de cloche qui n'a pas été évoqué lors du point de presse animé, lundi dernier, au siège du ministère de la Santé. En guise de réponse, le ministre dira justement que le programme national triennal (2005-2008) de lutte contre la mortalité infantile et maternelle a comme objectif prioritaire celui de ne plus avoir à enregistrer de morts qui auraient pu être évitées. Lors de son allocution prononcée, hier au Palais de la culture, à l'occasion de la Journée mondiale de la santé, M.Redjimi reconnait que la mortalité infantile «permet non seulement la mesure et l'analyse de la santé infantile, mais reflète aussi l'état de santé d'une population, ainsi que l'efficacité des soins préventifs et l'attention accordée à la santé de la mère et de l'enfant». L'orateur a expliqué aussi que le taux de mortalité relève aussi des conditions socioéconomiques de chaque pays, soulignant au passage que le taux recensé en Algérie est défavorable si on le comparait à celui enregistré dans certains pays développés. C'est presque le même argumentaire avancé par son conseiller, M.Lebane. Nonobstant ces statistiques qui demeurent très élevées, le ministre de la Santé indique que le taux de mortalité postnéonatale s'est considérablement abaissé de 180 décès/1000 naissances vivantes à la fin des années 60 à près de 30/1000 décès en 2004. «Actuellement, le problème est celui de la mortalité néonatale (période de vie 0 à 27 jours) qui relève de causes dites endogènes», constate M.Mourad Redjimi. La prématurité, a-t-il expliqué, est responsable de 10% de décès néonatals. Effleurant le volet relatif à la mortalité maternelle, le premier responsable du département de la santé révélera que les ratios dans le monde oscillent entre 5/100.000 naissances vivantes pour certains pays développés et atteignent parfois les 1500/100.000 naissances vivantes dans les pays démunis. La tendance en Algérie, fera remarquer l'orateur, est à raison de 117/100.000 naissances vivantes. Ainsi, environ 700 femmes meurent de complications liées à la grossesse et à l'accouchement, rejette M.Redjimi, d'un air mélancolique. Ce dernier considère que l'organisation de la périnatalité dans notre pays est un des éléments essentiels de la politique de santé menée par les pouvoirs publics. Il avouera dans la foulée que la sécurité périnatale est sur le point d'être renforcée par un décret, en voie d'adoption aujourd'hui en conseil de gouvernement. Le programme national de périnatalité devra pallier les défaillances et les insuffisances constatées, conclut-il, soulignant que le dossier «périnatalité», dont le décret passe en Conseil de gouvernement, fait l'objet d'un suivi particulier de la part du président de la République.