Sarkozy est rentré de la Chine plus que satisfait : dans son carnet de commandes, une moisson de contrats à hauteur de plus de 20 milliards d'euros. De quoi relancer l'appareil économique français en panne et repousser le spectre d'une véritable crise sociale menaçant de prendre le relais des grèves dans les transports publics pour baisse de pouvoir d'achat. Areva vendra notamment à Pékin deux réacteurs EPR et Airbus 160 A320 et A330. La France devait parapher hier plusieurs autres contrats : Alcatel avec China Mobile, Alsthom pour la signalisation du métro de Shanghai, Eurocopter pour des hélicoptères EC-155, Natixis, EDF et Sanofi-Aventis. Lors de la signature des contrats avec son homologue chinois Hu Jintao au Grand palais du peuple de Pékin, la presse n'a pas été autorisée à poser de questions ! Faute de temps officiellement mais, en réalité, pour ne pas indisposer le président français qui s'est assis sur son programme en matière de droits de l'homme. Sarkozy avait martelé faire passer les droits de l'homme dans les relations de la France avec les pays peu regardant dans ce domaine. Sarkozy s'est même fermement opposée au projet de référendum à Taiwan sur le retour de cette île chinoise dans le giron des Nations unies dont elle a été exclue en 1971 au profit de la République, alors que jusqu'ici, la France observait sur cette question de la prudence. Taiwan, client traditionnel de Paris, est coiffé au poteau par Pékin, plus appétissant en termes d'affaires. “Il n'y a, du point de vue français, qu'une seule Chine, et Taiwan fait partie intégrante du territoire chinois”, a dit sans état d'âme le président français, à l'issue de son premier entretien avec son homologue chinois, imputant aux aléas de l'histoire leur séparation actuelle. Sarkozy a soldé le feuilleton sino-français créé par la vente par la France, au début des années 1990, de frégates à Taiwan. Quant aux droits de l'homme en Chine qui exaspèrent l'opinion française au point qu'elle exige un boycottage des Jeux olympiques de Pékin, Sarkozy a laissé parler son ministre des Affaires étrangères, le socialiste Bernard Kouchner. Promoteur du fameux droit à l'ingérence pour raisons humanitaires et de droits de l'homme en général, le ministre a déclaré tout bonnement que l'urgence c'est la Birmanie et non pas la Chine. On aura remarqué que la junte militaire de Rangoon fait l'unanimité contre elle. Par ailleurs, pour ne pas indisposer les Chinois, Sarkozy a zappé de sa délégation la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, trimbalée pourtant partout où ces droits ne sont pas respectés. “C'est un peu par le petit bout de la lorgnette” que de critiquer l'absence de Rama Yade de la délégation française en Chine, a déploré l'ex-french doctor qui a souligné que Sarkozy a choisi sept ministres pour des dossiers qui vont faire du bien à la France, qui a besoin de travail et de rentrée de capitaux. C'est clair et net : les principes dans la France de Sarkozy doivent céder la place aux affaires. D. Bouatta