Le président pakistanais envisage de lever l'état d'urgence au Pakistan, décrété il y a près de quatre semaines, avant les législatives du 8 janvier, comme le réclament l'opposition et la communauté internationale. Musharraf a cédé une première fois en démissionnant de son poste de chef d'état-major des armées, alors qu'il ne voulait pas lâcher prise auparavant, même après avoir été exclu du Commonwealth.Pour la levée de le l'état d'urgence, Musharraf peut cependant résister arguant la recrudescence sans précédent des attentats et la progression des combattants islamistes proches d'Al Qaïda dans le nord-est, aux frontières avec l'Afghanistan. Mais tout porte à penser qu'il cédera sur l'état d'urgence d'autant qu'il a confié l'armée, épine dorsale du pouvoir dans ce pays puissance nucléaire (500 000 militaires pour 160 millions d'habitants), à un proche, le général Ashfaq Kiyani, qu'il a sorti de l'ombre. Il avait été nommé le 8 octobre chef d'état-major adjoint des armées et ainsi désigné par le général Musharraf comme son successeur. Dans un Pakistan en pleine crise politique, avec ou sans état d'urgence, le général Kiyani jouera un rôle de premier plan dans un pays qui a vécu la moitié de ses 60 années d'existence sous la férule de généraux putschistes. Washington et le Pentagone n'ont pas à se faire de soucis, le général Kiyani, a étudié aux Etats-Unis, il est réputé entretenir de bonnes relations avec les Américains, qui sont aussi les premiers bailleurs de fonds au Pakistan. Le nouveau patron de l'armée pakistanaise avait été patron, à partir de de 2004, des puissants services de renseignement (Inter-Services Intelligence). En outre, c'est un politicien, il a été conseiller de l'opposante Benazir Bhutto, lorsqu'elle était premier ministre une première fois de 1988 à 1990 et c'est lui qui a conduit ces derniers mois pour Musharraf des négociations avec elle en vue d'un partage du pouvoir, qui ont échoué après l'état d'urgence début novembre. Est-ce qu'il va ouvrir la voie à l'accession de mme Bhutto au poste de Premier ministre ? Tout porte à le penser. D. B.