L'Association pour l'aide psychologique, la recherche et la formation (Sarp) a organisé, hier, à l'Institut national de la formation professionnelle (INFP) d'Alger, une journée scientifique consacrée à la violence et à la prise en charge psychologique. Un thème sur lequel les universitaires et praticiens de l'association qui, pour rappel, représente la chaire “Abord de la violence pour l'Algérie” à l'Unesco, travaillent depuis une dizaine d'années. “Nous avons acquis une certaine expertise dans le domaine des violences, des traumatismes psychiques et des conséquences de la violence terroriste en Algérie”, a reconnu le Dr Nourreddine Khaled, vice-président de la Sarp. Ce dernier a fait savoir que le problème des violences suscite une attention de plus en plus grande à l'échelle locale internationale. La violence, selon lui, se présente sous deux visages : il y a d'un côté la violence “extrême” comme celle vécue par les Algériens pendant la décennie noire et, de l'autre, la violence “ordinaire” de tous les jours qui inclut les violences domestiques dans la famille, les abus sexuels et les incestes, les tentatives de suicide et les accidents de la route, ainsi que ces violences provoquées par le stress, les humiliations, les arbitraires et les situations d'extrême précarité (perte d'emploi ou de logement, difficulté à subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, etc.). La rencontre d'hier est en fait une manifestation annuelle que la Sarp organise depuis pratiquement sa création en 1989. Elle a cependant la particularité d'exposer, cette année, des recherches “actualisées” de certains de ses membres, à l'exemple des travaux menés par la présidente de la Sarp, Mme Chérifa Bouatta, sur la problématique du “deuil” et ceux du numéro 2 de l'association sur les questions se rapportant au “destin psychique”. La journée scientifique a également cette autre particularité d'accueillir Gérard Lopez et Nathalie Haze, deux experts de l'Institut de victimologie de Paris, venus parler de leurs expériences en matière de prise en charge, non seulement des victimes de violence, mais aussi des agresseurs. “La prise en charge de l'agresseur est importante, car elle éclaire sur les motifs des agressions, sur ce qui a mené l'agresseur à commettre l'acte de violence et sur ce qu'il y a lieu de faire sur les plans psychologique, social et autres, pour éviter la récidive”, a expliqué Noureddine Khaled. Il a par ailleurs rappelé que la Sarp a associé, pour cette journée scientifique, des étudiants qui préparent des thèses de magister et de doctorat sur des sujets relatifs aux traumatismes générés par la violence. C'est le cas particulièrement de Nassima Rammas, Dalila Medjdoub et Fawzia Ghoumari, qui ont présenté hier leur travail à l'assistance sur respectivement “Le Rorschach, outil d'évaluation de la représentation de soi chez les enfants victimes d'agressions sexuelles”, “La prévention et la prise en charge d'un cas de maltraitance” et “Le harcèlement entre paires”. Il y a lieu de relever l'intérêt suscité, chez les participants, par l'intervention du Dr Lopez, surtout lorsqu'il a abordé la question de l'intégration, dans le cadre d'une thérapie des personnes traumatisées. L'expert français a signalé la différence entre une personne souffrant de troubles de névrose et une traumatisée, notant que dans le dernier cas, le thérapeute doit “prendre parti pour la victime”, pour la “déconfusionner” du système agresseur. Il a clairement soutenu que la thérapie passe par l'intégration des “mémoires” et non pas celle des évènements traumatiques. Autrement dit, au système des violences correspond le système agresseur, pouvant prendre diverses formes : “le sexisme” pour les cas de viols, “le racisme” pour les cas d'injustice faite à l'encontre d'un émigré, “l'ultralibéralisme” pour les cas de “guerre, licenciement, délocalisation et harcèlement au travail”. H. Ameyar