Français, Britanniques et Américains essayent de propager l'idée que Pékin est un prédateur, raflant les richesses africaines ! Les Africains, eux, considèrent le nouveau dragon asiatique comme un partenaire, un nouvel acteur de l'aide au développement et surtout peu regardant sur leur politique intérieure. Le commerce entre la Chine et l'Afrique a été multiplié depuis 1999 et Pékin n'a jamais caché qu'il recherchait de nouvelles sources d'approvisionnement en pétrole et autres ressources naturelles pour alimenter sa croissance économique. Cependant, parallèlement, la Chine a offert plusieurs prêts à taux intéressant, annulé une partie de la dette de pays africains et investi dans plusieurs projets de développement. Ce que n'ont jamais fait ni les ex-puissances coloniales du continent ni les Etats-Unis. L'implantation de la Chine en Afrique est en passe de chasser la domination occidentale. “Pékin a changé le jeu du développement”, a lancé Chris Alden, responsable d'un nouveau programme de recherches sur la Chine, au sein de l'Institut sud-africain des Affaires internationales (SAIIA). C'est que Pékin ne conditionne pas son aide ou ses investissements, comme l'en accuse les Occidentaux qui brandissent l'exemple du Soudan où la Chine se fournit en pétrole malgré le drame du Darfour, oubliant que le groupe français Total, pour ne citer que cet exemple d'actualité, travaille sans état d'âme en Birmanie où la dictature des généraux n'a pas son égale en Afrique. Les Chinois rétorquent qu'ils n'ont pas le droit de dire comment gouverner un pays et diriger ses affaires, laissant le soin aux populations concernées de prendre leurs responsabilités. C'est pourquoi Pékin préfère le dialogue sur les problèmes graves, les questions d'environnement, de bonne gouvernance, de commerce. La justesse de ce choix a révélé sa pertinence dans la crise du nucléaire nord-coréen qui s'est achevée par la satisfaction de toutes les parties, y compris des Etats-Unis. Bien sûr, la Chine n'est pas motivée que par des considérations humanitaires. Comme toutes les autres grandes puissances, elles imposent ses entreprises dès lors que les projets sont financés par des prêts chinois. Ce qui est logique. En revanche, là où le bât blesse, c'est dans sa balance commerciale qui reste en Afrique très largement en faveur de la Chine. Ses produits sont si compétitifs que les Occidentaux l'accusent de dumping. Peu importe pour les consommateurs africains qui y trouvent pour une fois leur compte. Mais tout n'est pas blanc dans les relations sino-africaines. Des entreprises chinoises sont ainsi accueillies avec défiance au Nigeria, en Zambie et au Mozambique, où il y a eu plusieurs plaintes sur le niveau des salaires et les conditions de travail dans les usines chinoises. L'autre critique est que la Chine hésite à nommer des équipes de direction africaines dans leurs entreprises. À ce stade, la responsabilité incombe aux dirigeants africains qui ne prennent pas de mesures pour contrer les effets négatifs de la présence chinoise. Mais pas au point d'enfourcher les insinuations occidentales que la Chine est sur le chemin de l'exploitation à la coloniale. Le président Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao se sont tous les deux rendus en Afrique au cours des 18 derniers mois, pour lever les craintes sur les motivations chinoises et ont signé de nouveaux accords. D. Bouatta