La Chine, contrairement à d'autres pays, a toujours pris en compte les intérêts fondamentaux des peuples chinois et africains. Ils sont trop peu les Chinois qui connaissent l'Algérie et trop peu d'Algériens qui ne connaissent pas le pays de Mao Zedong. Mais que font-ils nos diplomates à Pékin? Un jour d'été, alors que nous nous promenions dans les ruelles larges de Beijing, nous n'avons pas trouvé trace d'un pays appelé Algérie. Dans un grand marché de la capitale, où nous nous sommes rendus pour des achats, la surprise a été grande lorsque nous découvrîmes, au grand malheur de l'Algérie, que peu, trop peu de Chinois connaissent notre pays. «Where do you come from?» Notre réponse à cette question est simple: «From Algeria.» Mais les Pékinois insistent encore. «Nigeria? Germany?» Nous répondons encore: «No! Not Nigeria, not Germany. I am from Algeria.» Ils reviennent encore à la charge: «Where is it situated?» A ce stade, nous sommes devenus, à la fois, tristes et frustrés. Et nous nous sommes interrogés: que font nos diplomates à Pékin? Pourtant, l'Algérie et la Chine entretiennent de vieilles relations et un partenariat d'exception qui commence à se bonifier. A l'Université de Pékin, les gens se souviennent encore de la visite, en novembre de l'année dernière, du président Bouteflika. Au ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine aussi, et à en croire certains de nos interlocuteurs, conseillers-diplomates, la dernière visite du président algérien à Pékin «demeure encore une référence». Depuis, «les relations ont pris un nouveau départ». Le directeur de l'établissement de formation des futurs diplomates chinois, Wu Jianmin, estime que l'Algérie, mais surtout l'ensemble du continent africain, «abrite aujourd'hui la plus grande concentration chinoise». C'est, justement, cet intérêt chinois porté au continent africain qui fait trembler «les vautours» de l'Occident. La visite d'Etat du président de la République a été couronnée, rappelons-le, par la signature d'une Déclaration sur le développement des relations de coopération stratégique entre les deux pays sur des bases nouvelles. Sept accords de coopération bilatérale ont été également signés entre les deux parties. Ce nouveau départ a mis, sur la piste algérienne, de grosses cylindrées chinoises, à l'instar de l'important groupe chinois Citic. Wu Jianmin est tout fier aussi du fait que «la Chine est l'un des premiers pays qui ont soutenu l'Algérie durant la guerre contre l'occupant français». Le pays de Mao Zedong, qui est, incontestablement, le plus grand pays en développement dans le monde, est très attaché à la paix et au développement. La Chine poursuit une politique extérieure d'indépendance et de paix. Elle souhaite, sur la base des Cinq principes de la coexistence pacifique, développer des relations amicales avec tous les pays, resserrer l'amitié et intensifier la coopération, dans l'intérêt commun, afin de promouvoir la paix et la stabilité dans le monde. Avec l'Algérie, les rapports ont atteint le stade de partenariat d'exception. La Chine participe présentement en Algérie à divers secteurs, à l'instar de celui des hydrocarbures. Une anecdote: un conseiller au ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, rencontré à l'Institut de diplomatie de Beijing, se souvient toujours d'une expression de Abdelaziz Bouteflika à l'université de Pékin, en novembre dernier. «Je me rappelle très bien quand votre président a fait cette déclaration: ‘‘Vous préférez le gagnant-gagnant, moi je vous propose du donnant-donnant.'' Pour le diplomate, il s'agit bel et bien de ´´sincérité et spontanéité´´» chères aux Chinois. Economiquement, à la fin de l'année dernière, la Chine s'est placée en deuxième position, derrière la France, des pays fournisseurs de l'Algérie. La Chine a exporté vers l'Algérie, durant l'année 2006, pour un montant de près de 1,5 milliard de dollars. La politique de la Chine en Afrique Le couple Chine-Afrique avance à pas de géant. Le Forum sino-africain, créé en 2000, a servi de tremplin efficace pour l'envol du partenariat sino-africain. Première bonne nouvelle, lors de la première session du Forum sino-africain, tenu à Pékin, la Chine s'était engagée a annuler, en totalité ou en partie, la dette, pour un montant de 1,27 milliard de dollars, de trente-deux pays africains comptant au nombre des pays les moins avancés. Les symptômes d'une hystérie américaine ont commencé alors à se faire connaître. D'autant qu'en 2006, le commerce entre la Chine et l'Afrique a dépassé le niveau du commerce entre les Etats-Unis et l'Afrique. Il est évalué à quelque 40 milliards de dollars. Mieux encore, en trois ans, la Chine et des pays africains ont conclu 245 accords sur l'assistance économique (44% de l'aide chinoise durant la période considérée). La cagnotte de l'investissement direct de la Chine dans le continent africain a atteint, en octobre 2005, le volume de 1,075 milliard de dollars contre 175 millions de dollars en 2005. Ainsi, durant l'année écoulée, il a été recensé plus de 800 entreprises chinoises en Afrique. La Chine s'était investie aussi dans le domaine politique, apportant son assistance à de nombreux pays africains dans le domaine du maintien de la paix et de la stabilité. Le plan d'action adopté pour la période 2004-2006, lors de la deuxième conférence, tenue à Addis-Abeba en décembre 2003, a prévu surtout, entre autres mesures d'assistance, le renforcement de la coopération sino-africaine dans les domaines du maintien de la paix et de la sécurité, de la lutte contre le terrorisme, du trafic d'armes légères, du trafic de drogue et des crimes économiques. Ainsi, bon gré, mal gré, l'offensive politique et économique menée par la Chine sur le continent africain, courant 2005 et 2006 surtout, du fait de sa forte demande en matières premières et en énergie, y a largement contribué. La Chine a importé du continent noir près de 30% de ses besoins pétroliers, 21% de son coton et un tiers de son manganèse, notamment. De ce fait, l'énergie constitue une part importante de la coopération sino-africaine. Selon les estimations de certains experts économiques, la Chine est devenue, ces dernières années, depuis 2003 surtout, le deuxième consommateur de produits pétroliers dans le monde après les Etats-Unis. La demande a dépassé les 5,56 millions barils/jour, tandis que d'autres prévisions montrent que la consommation chinoise dépassera les 12 mbj d'ici à 2025, dont environ 9 mbj importés. L'expansionnisme chinois vers l'Afrique est l'effet de la mainmise des Etats-Unis sur les ressources énergétiques du Moyen-Orient, les résultats peu encourageants des gisements de la mer Caspienne (2 à 4% des réserves mondiales) et l'instabilité des pays de l'Asie centrale. En deux mots: consolider sa solidarité et sa coopération avec les pays africains a été de tout temps l'une des pièces maîtresses de la politique extérieure d'indépendance et de paix de la Chine. Un nouveau modèle de partenariat Solidement attachée au maintien et à l'épanouissement de l'amitié traditionnelle sino-africaine, la Chine, contrairement à d'autres pays, a toujours pris en compte les intérêts fondamentaux des peuples chinois et africains. C'est fondamental. La Chine veille surtout à établir et à développer un modèle de partenariat stratégique avec l'Afrique, basé notamment sur l'égalité et la confiance réciproque sur le plan politique, la coopération conduite dans l'esprit gagnant-gagnant sur le plan économique et le renforcement des échanges sur le plan culturel. En définitive, la politique de la Chine à l'égard des pays africains n'est pas une étrange alchimie: entretenir, tout d'abord, une amitié sincère, traiter d'égal à égal et adhérer, ensuite, aux Cinq principes de la coexistence pacifique. C'est-à-dire, entre autres, respecter le libre choix des pays africains quant à leur voie de développement et soutenir les pays africains dans leurs efforts tendant à s'unir pour accroître leur puissance. La réciprocité sino-africaine a pris en compte aussi le renforcement de la coopération au sein de l'ONU et des autres enceintes multilatérales, et soutenir mutuellement les revendications légitimes ainsi que les propositions raisonnables. Continuer de pousser la communauté internationale à accorder une haute importance à la paix et au développement en Afrique.Le principe a été traduit par le soutien de la Chine, membre permanent du Conseil de sécurité, aux causes africaines.