L'ex-Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif s'est vu interdire de participer aux élections législatives du 8 janvier en raison des condamnations dont il a fait l'objet. Rentré de sept ans d'exil le 25 novembre, Sharif a déposé sa candidature la semaine dernière dans son fief oriental de Lahore, tout en menaçant de boycotter le scrutin. Il a été condamné à la prison à vie en 2000 pour détournement d'avion et terrorisme après avoir tenté d'empêcher en 1999 l'atterrissage de l'avion qui ramenait de l'étranger Musharraf, le chef d'état-major qu'il venait de limoger. Cette affaire avait précipité le coup de force de Musharraf contre Sharif, condamné l'année suivante pour corruption et envoyé en Arabie Saoudite en échange d'un engagement à se tenir à l'écart de la vie politique pakistanaise pour une durée de dix ans. Sharif, dont le frère Shahbaz s'est vu également interdire la semaine dernière de se présenter aux élections en raison de présumées malversations financières, assure avoir été condamné pour des mobiles purement politiques. Sharif est parvenu à convaincre l'autre opposante de Musharraf, l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, de boycotter les législatives si le président pakistanais refuse de lever l'état d'urgence.Bhutto et Sharif ont dressé une liste d'exigences que les autorités devront satisfaire si elles veulent éviter un appel au boycott des élections législatives prévues pour le 8 janvier. Faisant montre d'unité, les deux anciens Premiers ministres ont déclaré d'une même voix que les conditions actuelles ne permettaient pas la tenue d'un scrutin libre et équitable. L'état d'urgence déclaré par le président Musharraf le 3 novembre est toujours en vigueur dans le pays.Nous nous réservons le droit de boycotter les élections à un stade ultérieur, a prévenu Mme Bhutto lors d'une conférence de presse conjointe, après s'être entretenue avec Sharif chez elle, à Islamabad, la capitale. Sharif a précisé qu'une commission comprenant quatre membres de sa formation, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), et quatre du Parti populaire du Pakistan (PPP) de Mme Bhutto élaborerait la liste dans les prochains jours et qu'une date butoir serait fixée aux autorités. Contrairement à Sharif, Mme Bhutto rentrée elle-même de huit ans d'exil volontaire en octobre, se présente aux élections avec l'assurance de devenir Premier ministre si les élections se déroulaient dans la transparence. Elle est fortement soutenue par Washington et Sharif ne peut pas grand-chose car il n'a que son propre camp en grande partie affaibli et une improbable alliance très hétéroclite d'autres formations islamistes, dont certaines proches des talibans. C'est pourquoi il s'est rapproché de Mme Bhutto. D. B.