L'ex-Premier ministre Nawaz Sharif, rentré au Pakistan dimanche après sept années d'exil, a présentée sa candidature aux législatives du 8 janvier pour, promet-il, en découdre avec le président Pervez Musharraf. Dès son arrivée, dimanche soir, Sharif a tenu un discours devant des milliers de supporteurs qui célébraient son retour où il a déclaré que Musharraf “a conduit le pays au bord du désastre”. Ses conseillers ont assuré qu'il déposerait dans la journée sa candidature pour les élections législatives et provinciales du 8 janvier, malgré le doute entretenu par l'opposition sur un éventuel boycott du scrutin s'il devait avoir lieu sous l'état d'urgence décrété le 3 novembre par le général Musharraf. Les grandes formations de l'opposition promettent depuis quinze jours de bouder le scrutin mais chacune assure qu'elle ne le fera que si elle a l'assurance que les autres partis feront de même. Or, le temps presse, la division de l'opposition jouant en la faveur du chef de l'Etat, qui devrait prêter serment jeudi pour son second mandat, “en civil” cette fois, a assuré hier l'avocat principal du gouvernement, le procureur général Malik Muhammad Qayyum. “Selon mes informations, il prêtera son serment de président en civil jeudi”, a-t-il affirmé, ajoutant que le chef de l'Etat abandonnerait au préalable sa casquette de chef des armées. Le retour de Sharif a été marqué par la suspicion entretenue dans les éditoriaux de la presse pakistanaise : un “marché” aurait été conclu avec le général Musharraf qui l'aurait laissé rentrer pour mieux diviser l'opposition que tente de fédérer sa rivale des années 1990, l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, lit-on ainsi dans le quotidien Daily Times. D'autres estiment toutefois que s'il parvient à former une alliance avec Mme Bhutto, l'avenir politique de M. Musharraf est compromis, à moins de falsifier le résultat des élections. Un conseiller du président Musharraf a assuré ce week-end que Sharif avait conclu un “accord” avec le chef de l'Etat avant de rentrer d'exil. “Je n'ai passé aucun marché avec le général Musharraf et je ne négocierai jamais avec lui”, a insisté à plusieurs reprise Sharif en s'adressant dans la nuit à la foule et aux médias. Le 10 septembre, Sharif avait tenté un premier retour, alors que Mme Bhutto négociait un accord de partage du pouvoir avec Musharraf, mais avait été expulsé quelques heures après son atterrissage. DJAZIA SAFTA/AGENCES