L'organisation justifie le statu quo par l'état actuel du marché , l'offre étant suffisante par rapport à la demande. Estimant que le marché est suffisamment approvisionné, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, réunie hier à Abou Dhabi, a décidé de ne pas relever à la hausse de ses quotas de production, et de maintenir ainsi inchangée sa production. “Après avoir analysé les perspectives du marché du pétrole et les projections concernant l'offre et la demande pour 2008, en particulier, le premier et le deuxième trimestres, les membres de l'Opep ont estimé que les fondamentaux sont globalement restés inchangés, le marché continuant à être bien approvisionné et les stocks demeurant à des niveaux confortables en termes de nombre de jours de consommation”, explique l'organisation dans un communiqué. L'Opep a cependant indiqué qu'elle va se réunir à nouveau le premier février 2008 pour évaluer la situation du marché. Lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion, le secrétaire général de l'Opep a annoncé que l'organisation se réunira “en février pour rester vigilants face au marché”. Cette décision - attendue - a été précédée par des déclarations des ministres des 13 pays membres de l'organisation qui favorisaient le maintien du statu quo, arguant du fait que le marché était bien approvisionné. Ce statu quo s'est immédiatement traduit par une très forte hausse des prix de l'or noir. Sur l'Intercontinental Exchange de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier coûtait 91,84 dollars, en hausse de 2,31 dollars. À New York, un baril de light sweet crude pour la même échéance valait 90,30 dollars, en hausse de 1,98 dollar. Le secrétaire général de l'Opep estime, cependant, qu'il n' y avait aucune raison à ce que les cours du brut franchissent la barre de 100 dollars. “Il n' y a aucune raison à cela parce que le niveau des réserves est suffisant”, a dit Abdallah al Badri. Le président de l'Opep a jugé que les fondamentaux du marché du pétrole étaient “solides” . La “perception très répandue d'un marché étroit, doublée de craintes de ruptures d'approvisionnement, a pour effet d'alimenter la spéculation”, a déclaré Mohammed ben Dhaen al Hamli. “À cause de cette spéculation de plus en plus forte, les cours ne reflètent plus les fondamentaux”, estime-t-il. La décision de maintenir inchangée la production est motivée par le fait que l'Opep prête attention au risque d'un ralentissement de la demande mondiale pour l'or noir, qui risquerait de se solder par une chute trop marquée des prix. “À partir du deuxième trimestre 2008, nous aurons un excédent de 1,2 million de barils par jour, parce que la demande va baisser”, a commenté l'analyste en chef de l'Opep, Hassan Qabazard. Elle est aussi dictée par l'importante chute des prix de la semaine dernière. Après avoir frôlé 100 dollars, les cours ont ensuite perdu plus de 10 dollars. La perspective d'un hiver doux et d'un ralentissement de l'économie mondiale a certainement plaidé en faveur de ce statu quo, le cartel ne voulant pas inonder de pétrole le marché alors que le risque d'une baisse nette de la consommation est peut-être à prévoir. L'Opep semble avoir tiré les enseignements du scénario catastrophe de la crise asiatique de 1997, quand elle avait augmenté sa production pour voir les prix s'effondrer jusqu'à 10 dollars le baril en 1999. Il faut signaler toute de même l'attribution par l'Opep d'un quota à ses deux plus récents membres. L'Angola, qui a intégré l'organisation en janvier, se voit attribuer un quota de 1,9 million de barils par jour, et l'Equateur, qui a rejoint le cartel à la réunion de Riyad, il y a trois semaines, devra produire 520 000 barils par jour. La production des douze pays sur treize désormais soumis aux quotas passe logiquement ainsi à 29,67 millions de barils par jour contre 27,25 millions de baril par jour auparavant. Synthèse M. R.