Le royaume wahhabite a déjà demandé à Washington de faire évacuer ses troupes, estimées à 9 000 soldats environ, du territoire saoudien. Donald Rumsfeld est en visite dans la région du Golfe pour discuter du redéploiement militaire américain dans cette partie du monde à la lumière des nouveaux développements suite à la chute du régime de Saddam Hussein. C'est en position de force que le responsable du Pentagone négociera avec les dirigeants arabes du Moyen-Orient. Néanmoins, le chef de guerre américain devra faire preuve de beaucoup de tact dans ses discussions avec les Saoudiens. Sous la pression interne et d'une partie des musulmans arguant de la sainteté du territoire saoudien, la descendance d'Al-Saoud demande aux Américains d'évacuer ses soldats, arrivés sur les lieux à l'occasion de la première guerre du Golfe. Les Etats-Unis, ayant à leur disposition aujourd'hui l'Irak, chercheront-ils à se maintenir en Arabie Saoudite ou saisiront-ils l'opportunité pour faire pression sur le royaume de Fahd afin de l'obliger à opter pour un régime démocratique, comme le souhaitent les faucons de l'administration Bush ? C'est une éventualité à ne pas écarter, du moment que Washington dispose aujourd'hui d'une autre carte entre ses mains, le pétrole irakien, pour faire plier les Saoudiens. George Bush ira-t-il jusqu'à se délester de cet allié, autrefois stratégique, envers lequel les précédents locataires du bureau ovale ont fait preuve de beaucoup d'indulgence quant à son régime politique basé uniquement sur la charia ? Certes, les choses ont changé mais Riyad demeure le plus grand producteur mondial de pétrole, qui peut influer sur les cours de ce produit stratégique. Il serait plus logique, estiment certains observateurs, que la Maison-Blanche transfère ses bases militaires d'Arabie Saoudite vers les pays voisins, notamment l'Irak, désormais sous son contrôle, pour faire plaisir à ce “poids lourd”. De toute manière, les Américains n'ignorent pas l'importance que représente le royaume saoudien pour les musulmans du monde entier, d'où la peu probable possibilité de les voir s'aliéner ce pays. Tout dépendra de ce qu'apportera Donald Rumsfeld dans ses bagages comme instructions de George Bush. Le secrétaire d'Etat américain à la défense semble prendre son temps pour trancher cette question à en croire ses déclarations : “Nous avons besoin d'étudier la situation, nous avons besoin de voir quelle présence aura le plus d'avantages pour nous.” La première mesure consistant en le transfert de la base Prince-Sultan, près de Riyad, du commandement américain des opérations aériennes d'Arabie Saoudite au Qatar, montre que Washington fait un premier pas pour satisfaire la monarchie wahhabite, sans toutefois prendre une décision définitive sur le sujet. En effet, un haut responsable de l'administration Bush a affirmé au New York Times d'hier : “Nous ne quittons pas l'Arabie Saoudite.” Reste à savoir maintenant, si le roi Fahd est disposé à tolérer la présence militaire américain et à faire face à l'opposition interne et externe. Une chose est sûre, le Pentagone procédera à un réaménagement de sa présence militaire dans la région du Golfe en fonction des nouvelles données après la chute du régime de Saddam. K. A.